Le cabinet de M. Webb avait annoncé jeudi qu'il serait reçu par Than Shwe, « une première » pour un responsable américain. « Le généralissime rencontrera Jim Webb » samedi (aujourd'hui) à Naypyidaw, capitale administrative birmane, où le parlementaire est arrivé hier, a confirmé à l'AFP un représentant de la junte. Richard Mei, porte-parole de l'ambassade américaine à Rangoun, a dit que Jim Webb arrivait à Naypyidaw en provenance du Laos, où il a entamé une tournée en Asie du Sud-Est. M. Webb se rendra aujourd'hui à Rangoun et son départ du pays est prévu demain dimanche, selon le responsable birman. Quatre représentants de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi ont été invités hier à Naypyidaw, a indiqué Nyan Win, porte-parole du parti.
Un Américain de 54 ans, John Yettaw, a été condamné mardi avec Mme Suu Kyi à sept ans de prison et de travaux forcés pour avoir brièvement séjourné en mai chez la lauréate du prix Nobel de la paix. La santé de M. Yettaw est fragile.
Nyan Win a salué la déclaration adoptée jeudi par le Conseil de sécurité de l'ONU exprimant sa « grave préoccupation » après le verdict contre Mme Suu Kyi, ainsi que le renforcement de sanctions « ciblées » annoncé également par l'Union européenne. « Ces décisions prouvent que le monde entier veut la justice » pour Mme Suu Kyi, a dit le porte-parole qui avait fait partie de l'équipe de défense de l'opposante pendant son procès.
« La Dame » de Rangoun, âgée de 64 ans, a déjà été privée de liberté pendant 14 des 20 dernières années. Si aucune mesure de clémence n'intervient d'ici à 2010, elle ne pourra pas participer aux élections promises pour l'année prochaine.
Than Shwe (76 ans), arrivé au pouvoir en 1992, a été jusqu'ici une des « bêtes noires » des États-Unis qui, avec l'UE, ont imposé des sanctions, il y a plus d'une décennie, contre la Birmanie en raison de l'absence de réformes démocratiques dans ce pays reclus.
Jim Webb, vétéran de la guerre du Vietnam, préside une sous-commission des Affaires étrangères du Sénat.
La dernière visite d'un responsable américain en Birmanie remonte à mars dernier. Stephen Blake, directeur des Affaires d'Asie du Sud-Est au département d'État, avait alors rencontré le ministre birman des Affaires étrangères, mais pas Than Shwe. Le mois dernier, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, avait évoqué la possibilité pour les États-Unis d'investir en Birmanie si la junte libérait Mme Suu Kyi, mais elle s'était aussi inquiétée d'une éventuelle coopération nucléaire entre la Corée du Nord et la Birmanie. En avril, Jim Webb avait lui-même estimé que Washington devrait avoir une nouvelle approche d'engagement « constructif » avec la Birmanie, qui pourrait aboutir à une levée des sanctions mais, en juillet, il avait estimé que le procès de Rangoun rendait cet objectif difficile.
D'autre part, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Kasit Piromya, a déclaré hier que Bangkok cherchait à favoriser « un consensus » parmi les membres de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN) pour « demander (au régime birman) de gracier Aung San Suu Kyi ».
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