Selon un délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans le nord-est du Nigeria, Ibrahim Aliyu, environ 4 000 habitants de Maiduguri ont été déplacés par les combats et s'entassent dans des camps de fortune. Selon lui, les autorités nigérianes font preuve de « négligence » face aux conséquences humanitaires de la crise.
Après avoir écrasé les rebelles islamistes jeudi, les forces de l'ordre fédérales n'ont pas pour autant l'intention de baisser la garde. « Selon les ordres du chef d'état-major de la défense, nous allons faire une démonstration de force dans toutes les zones » affectées par les violences, a affirmé le porte-parole du ministère de la Défense, Mohammad Yerima. Les violences avaient touché depuis dimanche quatre États septentrionaux : Yobe, Bauchi, Borno et Kano.
Le président Umaru Yar'adua, qui était jeudi en visite officielle au Brésil, a, selon son porte-parole, ordonné la poursuite de la traque des derniers « talibans » en fuite. Avec le retour au calme, l'heure était vendredi au bilan et aux questions après ces journées de violences. Le porte-parole du ministre de la Défense s'est refusé à donner un bilan des pertes humaines. Il a également nié qu'il y ait eu des victimes civiles collatérales.
Selon un décompte de l'AFP, les affrontements avec les membres de la secte « Taliban » - appelée en langue haoussa Boko Haram (« l'éducation occidentale est un pêché ») - ont fait au minimum 600 morts en cinq jours, un bilan qui risque vraisemblablement de s'alourdir. Toute la presse nigériane titrait hier sur la mort du leader des « talibans » nigérians, Mohamed Yusuf, 39 ans, capturé puis abattu jeudi soir. Certains quotidiens, tel The Punch, s'interrogeaient aussi sur les circonstances de sa mort, très peu de temps après l'annonce de sa capture.
Un journaliste de l'AFP a pu voir son corps dénudé, criblé de balles, au quartier général de la police de Maiduguri. « Il a supplié et demandé le pardon avant d'être tué par balles », a déclaré à l'AFP un policier.
Les organisations de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) et Amnesty international ont demandé au Nigeria d'enquêter sur sa mort. Mais pour la ministre nigériane de l'Information Dora Akunyili, quelles qu'en soient les circonstances, la mort de Mohamed Yusuf est « la meilleure chose qui pouvait arriver au Nigeria ». « Les forces de sécurité ont essayé de l'arrêter, mais si leurs vies était en danger, elles ont dû se défendre », a-t-elle déclaré à l'AFP. « Quel besoin y avait-il de tuer tout de suite quelqu'un qui a été arrêté ? » s'est demandé le chef de l'ONG nigériane Ligue pour les droits de l'homme, Shamaki Gad Peter. « On aurait dû l'interroger pour éviter la répétition de ce qu'on vient de vivre. Quoi qu'il en soit, toute exécution extrajudiciaire est condamnable », a-t-il dit à l'AFP.
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