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Moyen Orient et Monde - Le billet

La diplomatie de la bière

Barack Obama avait promis le changement. À l'échelle de notre région, ce changement s'est traduit par une diplomatie plus portée sur le verbe et moins sur le missile.
Sur la scène nationale, Barack Obama a également opté pour une gestion moins « Patriot Act » des problèmes. Une approche plus fluide, plus liquide, serait-on tenté de dire. Une diplomatie de la bière.
Pour tenter de désamorcer la polémique née de ce qui paraissait être une arrestation à caractère racial, Barack Obama devait recevoir hier soir à la Maison-Blanche en l'occurrence, et pour une bière, le sergent James Crowley de la police de Cambridge et Henry Gates, éminent professeur à Harvard, arrêté par Crowley car soupçonné d'avoir voulu s'introduire par effraction... chez lui. Lors de son arrestation, Henry Gates, noir de son État et passablement irrité par le côté kafkaïesque de la situation, avait dénoncé le caractère racial de la réaction policière. « Voilà comment on traite les Noirs aux États-Unis ! » s'était exclamé l'homme de science, par ailleurs auteur de plusieurs ouvrages sur l'histoire de la question raciale aux États-Unis. Mais ça, le sergent Crowley ne le savait pas.
Quelques jours plus tard, lors d'une conférence de presse, Barack Obama avait qualifié de « stupide » le comportement de la police de Cambridge à l'égard de Gates, qui se trouve être l'un de ses amis. Et ça, le sergent Crowley ne le savait pas non plus. Après analyse des faits, il était néanmoins apparu qu'aucun commentaire à caractère racial n'avait été proféré par la police.
Devant l'ampleur que prenait cette polémique touchant à l'ultrasensible question raciale, Obama a décidé de lancer l'opération mousse, et invité le professeur Henry et le sergent Crowley à noyer la controverse dans la bière.
Le geste est certes avant tout symbolique, mais sa portée pourrait être bien plus importante que toute déclaration faite du haut d'un pupitre et derrière un prompteur. Viendrait-elle effectivement à porter ses fruits - rien n'était gagné à quelques heures de la rencontre tripartite, le sergent Crowley affichant sa préférence pour la Blue Moon alors que le président ne jure que par la Budweiser - que l'on pourrait envisager de décliner la diplomatie de la bière sur d'autres dossiers.
L'on imaginerait alors un Dmitri Medvedev, un Viktor Iouchtchenko et un Mikhaïl Saakachvili calmer leurs ego belliqueux à grand renfort de vodka frappée ingurgitée cul-sec. Un Alvaro Uribe trinquant avec un guérillero des FARC à coups d'Aguardiente sur fond d'échanges de prisonniers, les uns sortant de prison, les autres de la jungle. Les éléphants et éléphantes du Parti socialiste français, ou du moins de ce qu'il en reste, faisant renaître le rose du parti en diluant leurs ambitions très personnelles dans le rubis d'un Châteauneuf du pape.
Et au Liban ? Au Liban, la situation serait bien plus compliquée. Avant de commencer ne serait-ce qu'à envisager une réconciliation autour d'un verre, il faudrait s'entendre sur le breuvage dans lequel seraient noyées les rancœurs historiques. Jus, vin, arak, coca, thé, whisky ? Tout un programme.
Barack Obama avait promis le changement. À l'échelle de notre région, ce changement s'est traduit par une diplomatie plus portée sur le verbe et moins sur le missile.Sur la scène nationale, Barack Obama a également opté pour une gestion moins « Patriot Act » des problèmes. Une approche plus fluide, plus...

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