En Chine, l’immobilier est reparti sur la pente ascendante

Li Zhiwei considère avec enthousiasme la carrière d'agent immobilier qu'il a entamée il y a trois mois à peine : pour lui, pas de crise économique, mais de jolis espoirs de profits.
Le jeune homme de 26 ans, qui a laissé tomber une carrière « ennuyeuse » de fonctionnaire dans sa province natale du Henan (Centre), se prépare à ses premières belles retombées : une commission sur un appartement de standing, au cœur de Pékin, qu'il devrait vendre pour 2 millions de yuans (206 000 euros).
« Je suis jeune et j'aime les défis », affirme Li, pour lequel cette vente représente un pas sur la voie du karaoké qu'il compte ouvrir un jour.
Li va toucher 10 000 yuans de sa première vente. Mais il dit que ses collègues les plus expérimentés gagnent plus de quatre fois cette somme chaque mois.
Les affaires n'étaient pas aussi bonnes l'an dernier lorsque les ventes immobilières ont commencé à être atteintes par toutes les mesures prises en 2006-2007 pour freiner la surchauffe du secteur.
Avant même que la crise ne frappe la Chine à l'automne, ces ventes étaient en baisse. Dans le résidentiel, les surfaces vendues ont chuté de 19 % sur un an en 2008, « premier déclin de la courte histoire du produit immobilier en Chine », selon Standard Chartered.
Municipalités et gouvernement central sont alors venus à la rescousse du secteur à coups de subventions, d'augmentations des plafonds d'emprunt, de réductions de l'apport minimum exigé, d'assouplissements des conditions de crédit et de baisses des taux d'intérêt (cinq entre septembre et décembre).
Ces mesures, conjuguées au rebond de l'économie (+7,9 % de croissance au deuxième trimestre) et aux craintes que l'inflation ne repointe son nez, ont brusquement inversé le cours des choses.
Les prix et les ventes sont repartis à la hausse, faisant même redouter la formation d'une nouvelle bulle immobilière à certains analystes.
« Le marché du résidentiel a touché le fond et est en train de se reprendre, mais à un rythme plus rapide que l'on ne pourrait raisonnablement s'y attendre », commente Alan Chiang, consultant du secteur chez DTZ China.
Dans les grandes villes du pays, les prix ont progressé de 0,2 % sur un an en juin, interrompant la chute entamée en décembre, qui avait été le premier déclin en glissement annuel depuis le début, en 2005, de la publication de ces données.
Mais surtout les ventes ont bondi sur les six premiers mois, de 31,7 % par rapport à la même période de 2008, sans doute partiellement aidées par la demande d'acheteurs qui avaient reporté leurs achats en 2008, a estimé dans une note Feng Zhi Wei, analyste de Standard Chartered à Singapour.
Pour Hingyin Lee, chef de la recherche à Colliers International's à Shanghai, nul doute aussi que les mesures des autorités « ont aidé le marché de masse », les particuliers auxquels l'immobilier est soudain redevenu accessible.
Mais comme souvent en Chine, la spéculation n'est peut-être pas étrangère non plus au rebond alors qu'émergent des craintes d'une reprise à terme de l'inflation, due à l'abondance de liquidités débloquées dans le système.
« Pas mal de gens sont entrés sur le marché immobilier en anticipant l'inflation, pour se prémunir contre une dépréciation, créant une demande d'investissement et même de spéculation », dit Yang Hongxu, analyste chez le consultant E-House à Shanghai.
Le tout crée un marché « aux caractéristiques chinoises », éloigné des 15 % de chute des prix, en glissement annuel, enregistrés en juin aussi bien aux États-Unis qu'en Grande-Bretagne.