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Lifestyle - Société

Le couteau suisse : une légende qui a conquis le monde

Le groupe Victorinox a été obligé d'adapter le modeste canif des origines aux impératifs de la modernité.

Cent vingt-cinq ans après l'invention par un coutelier suisse d'un outil de survie pour les soldats helvétiques, le couteau suisse, élevé au rang d'icône nationale, continue à régler des mires de fusil, à couper des tranches de gruyère et à ouvrir des cannettes de bière.
Pourtant, au fin fond de la verte campagne suisse, le groupe Victorinox, héritier de l'inventeur Karl Elsener, a été obligé d'adapter le modeste canif des origines aux impératifs de la modernité. En sus des lames classiques, alliées au tire-bouchon - réservé aux officiers - aux pinces à épiler et aux tournevis, la gamme d'une centaine de couteaux suisses comporte désormais un modèle spécial pour démonter et réparer les ordinateurs, un autre avec clé USB et un couteau pour enfant à lame arrondie.
« Nous essayons d'être toujours au plus près du marché et de trouver de nouvelles idées », explique Carl Elsener, arrière-petit-fils de l'inventeur et président de Victorinox. « Le couteau militaire suisse est devenu le compagnon fiable de nombreuses expéditions, du pôle Nord au pôle Sud, en Amazonie, comme sur l'Everest. Il a même fait partie de l'équipement des navettes spatiales », rappelle avec orgueil l'héritier de la dynastie de couteliers. « D'importants présidents américains ont donné des couteaux suisses en cadeau à leurs visiteurs à la Maison-Blanche », ajoute-t-il en rappelant qu'il a aussi été utilisé une fois pour pratiquer une trachéotomie en urgence dans un avion qui survolait les Philippines.
Les ancêtres européens du couteau pliable suisse servaient à couper du bois, à castrer des sangliers, à plumer les volailles ou à coudre des sacs de pommes de terre. En Italie, un canif ornementé, appelé le « coltello d'amore » - le couteau de l'amour - rappelait au fiancé son engagement à la fidélité. Après le mariage, il était placé, à portée de main de l'épouse, au-dessus du lit conjugal.
Plus prosaïquement, c'est pour répondre à une commande de l'armée suisse que Karl Elsener a mis au point le fameux couteau dans son atelier du village d'Ibach. Il s'agissait d'équiper les soldats d'un canif servant aussi bien à entretenir leur fusil qu'à ouvrir des boîtes de conserve, à l'époque une nouveauté de la gastronomie militaire. Confronté à la concurrence allemande pour les productions de grandes séries, il convainquit les couteliers suisses de s'allier et de créer une manufacture en 1891. Le couteau d'officier, breveté en 1897, proposait six fonctions, dont un tire-bouchon : c'est ce modèle qui est devenu un objet-culte, explique Pia Schubiger, l'organisatrice de l'exposition à Schwyz.
Les soldats américains en Europe de la Seconde Guerre mondiale l'adoptèrent aussitôt en dépit de son nom officiel imprononçable - « Schweizeroffiziersmesser » -, et firent naturellement sa promotion outre-Atlantique en l'offrant à leurs proches. Une légende était née. Le coup le plus sévère à l'expansion sur la planète du couteau suisse devait être porté par son bannissement des cabines d'avion après les attentats du 11 septembre 2001.
Cent vingt-cinq ans après l'invention par un coutelier suisse d'un outil de survie pour les soldats helvétiques, le couteau suisse, élevé au rang d'icône nationale, continue à régler des mires de fusil, à couper des tranches de gruyère et à ouvrir des cannettes de bière.Pourtant, au fin fond de la verte...

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