M. Rahim Mashaie, un personnage controversé très proche du président, a « démissionné trois jours après avoir été nommé » premier vice-président, a rapporté hier la chaîne en langue anglaise Press TV.
Le président ultraconservateur, dont le fils a épousé la fille de M. Rahim Mashaie, avait essuyé des critiques dans son propre camp pour avoir désigné à ce poste un homme qui avait déclaré que l'Iran était « l'ami du peuple israélien ».
L'Iran ne reconnaît pas l'existence d'Israël. Le président Ahmadinejad a déclaré à plusieurs reprises que l'État hébreu était voué à la disparition et a qualifié de mythe l'Holocauste des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Il est nécessaire d'annuler la nomination de M. Rahim Mashaie par respect pour le peuple conservateur » fidèle aux principes de la révolution islamique, a écrit Hossein Shariatmadari, directeur du quotidien Kayhan, dans son édition de dimanche. Le directeur de ce grand journal conservateur est nommé par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, et soutient le président Ahmadinejad. « De nombreuses personnes proches du président comme le peuple qui le soutient sont hostiles à la nomination de M. Rahim Mashaie et s'en inquiètent », a ajouté M. Shariatmadari.
La nomination d'Esfandiar Rahim Mashaie, qui était vice-président chargé du tourisme, avait été annoncée vendredi par M. Ahmadinejad, un peu plus d'un mois après sa réélection controversée avec 63 % des voix.
Un religieux conservateur, Ahmad Khatami, un des imams de prière du vendredi de Téhéran, avait également critiqué la nomination de M. Rahim Mashaie, selon le quotidien Etemad Melli. « Cette nomination (...) est un défi aux membres de l'Assemblée des experts et du Parlement » qui avait dénoncé les propos de M. Rahim Mashaie à l'époque, a déclaré M. Khatami. « Il semble que cette nomination soit source de tension pour le gouvernement », avait ajouté Ahmad Khatami, lui-même proche du gouvernement.
Pour sa part, le chef du groupe des parlementaires qui appartiennent aussi au clergé, Mohammad Taghi Rahbar, avait demandé l'intervention du guide suprême pour le démettre.
Le président Ahmadinejad sera officiellement investi entre le 2 et le 6 août. Sa victoire, attribuée par l'opposition à la fraude, a provoqué un mouvement de contestation inédit en trente ans de République islamique et a divisé jusqu'au camp conservateur.
Les conservateurs critiquent vivement Rafsandjani
Parallèlement, le camp conservateur en Iran a vivement critiqué samedi l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani pour avoir, à son tour, émis des doutes sur la victoire de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle du mois dernier et osé évoquer une situation de « crise ». M. Rafsandjani « a répété des allégations illogiques et sans fondement » sur d'éventuelles fraudes lors du scrutin, indique le principal quotidien conservateur, Kayhan. M. Rafsandjani « a ouvertement soutenu ceux qui violent la loi. Il aurait dû condamner le meurtre de personnes innocentes, le pillage de leurs affaires et les incendies de bâtiments publics. Mais il ne l'a pas fait », écrit Kayhan.Lors d'un prêche vendredi à l'Université de Téhéran, M. Rafsandjani a estimé que le régime avait perdu la confiance du peuple après la présidentielle controversée.
« La légitimité du gouvernement est donnée par Dieu », a affirmé de son côté l'ayatollah Mohammad Yazdi, cité par l'agence de presse ISNA. « L'approbation par le peuple n'apporte pas la légitimité à un gouvernement (islamique). M. Rafsandjani a ignoré cet important point islamique et a parlé (...) comme si les gouvernements étaient seulement désignés par le peuple », a-t-il ajouté.