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Petite leçon de français dans le sud du Liban

"Les Français parlent tellement vite, mais nous comprenons mieux ce qu'ils disent maintenant", lance fièrement Rim Zeineddine qui, avec une dizaine d'autres adolescentes, suit assidûment les cours de français dispensés par des soldats de la paix dans le sud du Liban.

Deux fois par semaine, un groupe de "soldats-enseignants" de la Force des Nations unies (Finul) donnent rendez-vous à ces filles âgées de 11 à 15 ans, toutes voilées, dans la bourgade pauvre de Jmaijmé, à 15 kilomètres de la frontière avec Israël. Des cours sont également donnés dans la ville de Bint Jbeil, bastion du Hezbollah chiite.

"J'aime beaucoup leur manière d'expliquer", dit Rim qui, à 15 ans, vient juste de passer son brevet des collèges.

"Nous nous sentons plus proches de la population locale. C'est une manière de mieux nous faire accepter", explique le lieutenant Solenn Olivier, officier de communication auprès du contingent français.

Créée en 1978 pour surveiller la situation dans le sud du Liban, la Finul a été considérablement renforcée après l'offensive israélienne en 2006 contre le Hezbollah. Quelque 2.000 soldats français en font partie.

"Nous sortons de notre quotidien "militaire" tout en découvrant une autre culture", souligne le lieutenant.

Dans une chambre aménagée en salle de classe, Karimé, 12 ans, tente de se rappeler au tableau le participe présent du verbe commencer, sous l'oeil attentif du sergent Emilie Tixador, qui travaille à la transmission radio.

"Commencant", finit-elle par écrire, avant d'être rabrouée par une camarade plus âgée : "Et la cédille alors?".

Mais ce sont les cours de perfectionnement du vocabulaire que les filles apprécient le plus.

Au menu de la leçon du jour, un texte ardu d'André Gide, tiré de son autobiographie "Si le grain ne meurt", sujet il y a quelques années du brevet libanais.

"Vous savez, même pour les Français, c'est dur", reconnaît le sergent Tixador, en regardant cinq bouts de nez plongés dans le texte.

"Cela m'a pris trois jours de préparation, il ne faut pas dire de bêtises", indique avec un large sourire l'adjudant Benoît Beaurepaire, chargé de la préparation des textes.

"On est revenu à nos manuels de français", plaisante de son côté le lieutenant Olivier.

Timides au départ, les filles ont gagné en assurance, malgré leur français laborieux et une lecture parfois hésitante.

"Le français est plus difficile que l'anglais mais c'est plus élégant, c'est très +classe+", soutient Rim en tentant de déchiffrer le sens du mot "rugueux".

"C'est très beau de parler directement aux soldats sans traducteur. Je me sens en confiance avec eux", confie Zahra Hakim, 14 ans, en réajustant son voile bleu.

Le Liban reste un bastion francophone dans le monde arabe, même si l'anglais a gagné du terrain au cours des dernières décennies.

Seules les filles semblent s'intéresser à ces cours. "Au début, il y avait un garçon. Une fois, il a vu un ballon de foot et on ne l'a jamais revu!", se souvient l'adjudant amusé.

Pour Taleb Hamza, responsable d'une association de Jmaijmé à l'origine de l'idée, l'important est que les filles continuent de travailler leur français pendant l'été.

"Certaines préparent le brevet, un examen très important dans les villages car la plupart des gens qui échouent interrompent complètement leurs études, dit-il. En plus, elles sont obligées de communiquer en français."

"C'est très valorisant, assure le lieutenant Olivier, qui raconte comment "les filles s'insurgent quand notre mission nous empêche de venir".

"Elles nous font comprendre que ces cours auront des répercussions sur leurs études, sur toute leur vie", affirme-t-elle."Les Français parlent tellement vite, mais nous comprenons mieux ce qu'ils disent maintenant", lance fièrement Rim Zeineddine qui, avec une dizaine d'autres adolescentes, suit assidûment les cours de français dispensés par des soldats de la paix dans le sud du Liban.

Deux fois par semaine, un groupe de "soldats-enseignants" de la Force des Nations unies (Finul) donnent rendez-vous à ces filles âgées de 11 à 15 ans, toutes voilées, dans la bourgade pauvre de Jmaijmé, à 15 kilomètres de la frontière avec Israël. Des cours sont également donnés dans la ville de Bint...