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Culture - Photographie

Quand la photo saisit les mystères… du Levant

Après une absence de près de dix ans, Ghassan Kitmitto revient sur le devant de la scène artistique libanaise avec un bel ouvrage de photos intitulé « Beyrouth, les mystères du Levant » (Dar an-Nahar). Livre qu'il signera ce soir, à la galerie Rochane, où seront d'ailleurs exposés, jusqu'au 10 juillet, une trentaine de clichés qui le composent.*
En noir et blanc, une série de portraits - de personnages comme de lieux - pris entre 1999 et 2009 à Beyrouth, Tripoli, dans la Békaa, à Damas, Le Caire, Amman, Petra ou encore Istanbul. Des vues du Levant, avec tout ce que ce terme véhicule d'esprit « orientalisant », de charme exotique, mais aussi de poésie intemporelle, presque surannée...
Des photos saisies en caméra argentique et dont le tirage « à l'ancienne », sur papier en cartoline coton de « qualité muséale », accentue le caractère pérenne.
Un florilège de quelque 75 clichés, en noir et blanc, rassemblés dans un beau livre, préfacé par Ghassan Tuéni, mais aussi Gordon Baldwin, historien et conservateur adjoint de la photo « emeritus » au J.P. Getty Museum de Los Angeles, et Henry Chapier, président de la Maison européenne de la photographie, prestigieuse institution qui a d'ailleurs inscrit à sa collection quatre tirages de cette série.

Quête d'infini...
Un ouvrage à mi-chemin entre le carnet de voyage et l'album souvenir d'un parcours initiatique. Car les images qu'il recèle ont une âme. L'âme du Levant, certes, et de sa plus complexe cité, Beyrouth, mais on y perçoit aussi la cristallisation sur papier des sentiments, des émotions, des émois et surtout de la quête d'infini de l'artiste.
Délaissant le procédé du transfert polaroïd - cette fusion entre photo et arts graphiques - qui avait été sa marque de fabrique à ses débuts, Kitmitto, qui revendique une certaine maturité, revient vers « la sagesse » de la technique classique. Celle qui laisse la part belle au regard.
Un regard nimbé de spiritualité, d'une certaine évocation onirique des êtres et des lieux, mais aussi porteur d'une vision fédératrice - «œcuménique », selon les termes d'Henry Chapier - des peuples et des communautés issus de cette même civilisation proche-orientale.
En effet, les images de Kitmitto transcendent les clivages et les conflits fratricides qui embrasent cette région du monde pour ne retenir que la convergence des racines culturelles de ces hommes et femmes à l'inconscient collectif marqué au sceau du secret, des rituels, du mystère.
Cet Orient immuable, ce Levant aussi mystique que contrasté, le photographe le rend au moyen d'un vocabulaire symbolique, où l'eau est tout à la fois synonyme de purification et d'ésotérisme, la main, symbole de don, d'accueil, de générosité, mais aussi d'appel, et le miroir, reflet d'une autre réalité...
Il s'en dégage une atmosphère dramatique, dense, éloquente et, dans nombre de clichés, envoûtante. D'autant que le photographe a retravaillé et accentué les effets de contrastes, les flous et la
luminosité.
Dans Beyrouth ressurgit (titre du cliché), par exemple, la figure du jeune homme à l'avant-plan de la photo apparaît floutée, comme si elle s'estompait devant l'ancienne maison libanaise qui, elle, ressurgit, dans toute sa netteté, des décombres de la guerre...
Autre visage de Beyrouth, cette silhouette fantomatique, énigmatique de jeune femme en longue robe noire...Ou encore cette Voyante au café Rawda, personnage presque immémorial, au visage et aux mains creusés de mille sillons... Image qui ne manque pas d'établir des correspondances avec les silhouettes en contre-jour de fumeurs de narguilés assis face à la Citadelle d'Alep.
Et puis la photo dans la photo dans Le retour d'Akram, qui évoque la croyance en la réincarnation, la Branche d'olivier dans la main d'une femme en noir si symbolique des attentes des habitants de cette région, ou encore le Soleil filtrant à travers la coupole richement ouvragée du harem de Topkapi, qui rappelle la magnificence de l'Empire ottoman...
Organisée par Dar an-Nahar, en collaboration avec le ministère de la Culture, cette exposition - qui s'inscrit, à juste titre, dans le cadre des manifestations culturelles de « Beyrouth, capitale mondiale du livre 2009 » - est à voir.

* Signature, ce soir, mardi 30 juin, de 18h00 à 21h00, à la galerie Rochane, Saifi Village. Horaires d'ouverture de l'exposition : du lundi au vendredi, de 10h00 à 13h30 puis de 15h30 à 18h00 et le samedi, de 10h00 à 13h30.
Tél. : 01/972238. 
En noir et blanc, une série de portraits - de personnages comme de lieux - pris entre 1999 et 2009 à Beyrouth, Tripoli, dans la Békaa, à Damas, Le Caire, Amman, Petra ou encore Istanbul. Des vues du Levant, avec tout ce que ce terme véhicule d'esprit « orientalisant », de charme exotique, mais aussi de poésie intemporelle, presque...

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