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Culture - Lecture

Entre profane et sacré, bienheureuse Edith Stein…

Rencontre d'un écrivain de race avec une juive convertie au catholicisme. Du profane à la sainteté, voilà l'ouvrage d'Yann Moix sur Edith Stein.
Après des études de sciences po et de philosophie, Yann Moix, fin chasseur d'idées, de mots et d'images, est fasciné par l'écriture et le cinéma. Après s'être imbibé de la voix de Gide, Vian, Camus, Heidegger, Sartre et Saint-John Perse, et de la pellicule de Pasolini, son premier roman et son premier film sont plus que des triomphes...
Pour tous ceux qui l'ont oublié, on rappelle qu'il a remporté le prix Goncourt en 1996 pour son livre Jubilations vers le ciel.
Par ailleurs, infatigable travailleur, il signe, en tant que réalisateur, une percutante vie de Claude François à travers son sosie Bernard Frédéric. Un film qui reçoit un accueil plus que chaleureux aussi bien du côté du public que de la critique.
Aujourd'hui, avec Mort et vie d'Edith Stein (aux éditions Grasset, 194 pages), Yann Moix, poursuivant sa quête d'une réalité où violence et sens de l'élévation se mêlent inextricablement, plonge dans un univers à la fois trouble et troublant. Un univers à l'horizon plombé qui s'appelait la Première Guerre mondiale avec ses désastreuses dérives...
Ni roman ni biographie que cet ouvrage intense qui pose toutes les interrogations, des plus brûlantes aux plus anodines (même celles qu'on aborde avec crainte et angoisse !), sur l'identité et les destinées
humaines.
Qui est Edith Stein ? Une femme (1891-1942) qui s'est battue pour le droit de vote des femmes. Une ardente féministe qu'on a, tour à tour, nommée Edith dans sa famille, fraulein Edith Stein au lycée, doktor Edith Stein (elle fut une brillante assistante au philosophe Husserl) à l'université, sœur Thérèse au Carmel de Cologne, matricule 44 074 à Auschwitz, et Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix au royaume de Dieu...
« Naître, c'est précipiter les choses » avait écrit cette philosophe et théologienne allemande, originaire de Breslau, qui a étudié à Gôttingen et finit, dans la folie nazie, gazée à Auschwitz.
 En voulant « servir et aider de son mieux », aux jours les plus noirs et les plus plombés de la Première Guerre mondiale, Edith Stein refusait le totalitarisme, défendait la liberté et avait une dévotion entière pour le sens des valeurs.
Dans son parcours, plus poignant que les plus sombres des romans, Edith Stein revit sous la plume fascinante de Yann Moix.
Dans un style nerveux, vif et brisant le cou aux conventions linguistiques, l'auteur se fraye courageusement un chemin au cœur des tourmentes et de la sérénité de son invitée...
Citations brèves mais abondantes, ponctuées de scènes prestement enlevées (le baptême, « un coup de cœur et non un coup de tête »), pour évoquer le drame d'une vie semée d'épreuves.
Une vie où la lumière, ici bas, a toujours les couleurs du crépuscule...
Un livre bouleversant, écrit sur un ton acide, haletant, distancié, toujours en relation avec le quotidien le plus prosaïque...Comme si parler d'Edith Stein revient à parler de la condition humaine et de ses étroites limites.
Yann Moix donne la voix non seulement à un personnage exceptionnel dans sa douleur, ses convictions, sa générosité, son intelligence, son don d'amour et sa souffrance, mais aussi à des notions ambiguës et controversées, où sacré et profane ont des frontières contestables, où fidélité et infidélité sont les deux faces de Janus, où être soi ne dépend plus de soi, mais des autres...
Pour conclure, une dernière pensée à méditer de celle qui fut déclarée bienheureuse, sainte et copatronne de l'Europe par Jean-Paul II : « Dieu n'impose d'épreuves à personne sans donner en retour la force nécessaire pour les endurer »...  

Après des études de sciences po et de philosophie, Yann Moix, fin chasseur d'idées, de mots et d'images, est fasciné par l'écriture et le cinéma. Après s'être imbibé de la voix de Gide, Vian, Camus, Heidegger, Sartre et Saint-John Perse, et de la pellicule de Pasolini, son premier roman et son premier film sont plus que des...

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