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Économie - Liban - Interview

Feuille de route pour immuniser le Liban contre la crise

En marge de la cérémonie de remise du prix Euromoney de la meilleure banque libanaise à la Bank Audi, le directeur financier du groupe, Freddie Baz, évoque les mesures nécessaires pour réduire la vulnérabilité du pays.
Alors que la Banque mondiale faisait état hier de « perspectives de plus en plus sombres » pour les économies en développement, avec une baisse prévue du PIB mondial de 3 % cette année, le prochain gouvernement libanais sera rapidement appelé à s'intéresser au dossier économique. Malgré la résilience dont a fait preuve le pays en 2008, « il ne faut pas dormir sur ses lauriers », a souligné le directeur financier et responsable de la stratégie du groupe Audi Saradar, Freddie Baz.
Interrogé par L'Orient-Le Jour en marge de la remise du prix annuel du magazine Euromoney, qui a élu Bank Audi « meilleure banque au Liban », M. Baz a estimé que « des mesures préventives doivent impérativement être entreprises pour renforcer l'immunité du Liban face à la crise ».
D'abord, il faut « consolider les acquis macroéconomiques des deux dernières années et favoriser les conditions d'atterrissage en douceur de l'économie », a-t-il affirmé. Le gouvernement devra donc respecter les engagements de Paris III en termes de rigueur budgétaire et d'ajustement fiscal pour l'année en cours afin de ramener la dette à 145 % du PIB.
Selon Freddie Baz, le ratio de la dette publique sur le PIB peut être ramené à 100 % d'ici à 2012 si l'État parvient à assurer une croissance réelle de 5 % en moyenne sur les trois prochaines années, tout en stabilisant les dépenses publiques et le service de la dette à leurs niveaux actuels (32 % du PIB et 8,5 % respectivement), en augmentant ses recettes de 1 % par an (grâce à l'amélioration de la collecte, sachant que l'écart entre les revenus potentiels et réels représente 9 % du PIB) et en privatisant quelques services utilitaires (pouvant rapporter 9 milliards de dollars).
« Ces évolutions entraîneraient une baisse des taux d'intérêt réels et une amorce de la dédollarisation des crédits qui réduiraient substantiellement l'exposition des banques en devises et rendraient le système moins tributaire des entrées de capitaux, de la croissance des dépôts et de la constitution de réserves internationales », a-t-il souligné.
M. Baz a insisté sur la nécessité de dédollariser les crédits en plaidant en faveur d'ingénieries financières permettant d'augmenter la part des crédits en livres du total de 16 % fin 2008 à 22 % en 2009, puis à 32 % en 2010.
En effet, la réalisation d'un taux de croissance du PIB de l'ordre de 5 à 6 % par an dans un contexte de stabilisation des importations à 55 % du PIB (leur niveau de 2008) suppose une augmentation de la demande privée de 3 à 4 milliards de dollars par an. Historiquement, la demande privée est financée à hauteur de 65 % par les crédits bancaires domestiques au secteur privé. L'augmentation attendue de la demande privée sur les deux prochaines années requiert donc un financement bancaire additionnel de 5 milliards de dollars qui viendrait s'ajouter à quelque 3 milliards de financement du déficit budgétaire, ce qui suppose une hausse des dépôts d'au moins 10 % par an, a-t-il expliqué. Or « la structure des dépôts par devise montre un processus de dédollarisation accentué, les dépôts en devises ayant baissé de 77 % du total fin 2007, à 70 % fin 2008, à 67 % fin avril 2009. À ce rythme, le taux de dollarisation atteindra 66 % à la fin de l'année, voire même 62 % à fin 2010 », a-t-il souligné.
Compte tenu des impératifs de réserves obligatoires en devises et de hausse de la liquidité primaire en devise dans les banques correspondantes, la marge de manœuvre des banques pour accorder des crédits supplémentaires en devises sera donc réduite. « Une politique de subvention des taux débiteurs en livres s'avère ainsi être la seule issue possible aux distorsions actuelles, favorisant de surcroît une dynamique vertueuse pour l'économie réelle, et justifiant du fait de sa dimension d'ajustement un coût à supporter par les autorités », a conclu Freddie Baz.
Alors que la Banque mondiale faisait état hier de « perspectives de plus en plus sombres » pour les économies en développement, avec une baisse prévue du PIB mondial de 3 % cette année, le prochain gouvernement libanais sera rapidement appelé à s'intéresser au dossier économique. Malgré la...
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