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Liban

Scène (presque) ordinaire à Maallaka-Zahlé

Zahlé, ses ruelles (zwamik en dialecte local), la fougue de ses habitants encore plus survoltés que d'habitude à cause des élections. Un électeur venant de Beyrouth a le sentiment de débarquer sur une autre planète. Il cherche d'abord à savoir dans quel bureau voter. Mais pour obtenir l'information, il doit dire où vont ses sympathies. Si, par malchance, l'indicateur est du camp adverse, impossible de lui soutirer le moindre élément. Il finit par tomber sur la bonne personne. La route menant vers l'école publique, transformée en bureau de vote, est coupée. Les électeurs doivent faire le reste du chemin à pied. Devant la porte principale, la foule compacte attend sous un soleil de plomb. Une heure, deux heures, rien. La lourde grille noire reste fermée... pour cause de foule à l'intérieur. Certains électeurs sont venus à l'aube, de la plaine toute proche, de Syrie ou simplement des villages avoisinants. Ils sont harcelés par les délégués des candidats qui veulent à tout prix leur refiler des listes truquées ou des noms de candidats. Les forts en gueule protestent, et les femmes, voilées ou non, ne sont pas les moins bruyantes. La grille s'ouvre finalement et la marée humaine se précipite à l'intérieur. Mais là, nouvel obstacle, la porte d'entrée du bâtiment est fermée. Un officier de sécurité tente de faire passer un fil pour séparer les hommes des femmes, mais le fil s'entortille autour d'une vieille dame qui se met à hurler, se sentant soudain saucissonnée. L'électeur de Beyrouth est pris en sandwich entre deux coussins moelleux représentés par un arrière-train volumineux et un ventre proéminent. Avec la moiteur qui va avec, il est sur le point de s'évanouir. Mais il sombre littéralement dans un état second lorsqu'il entend sa voisine crier à sa parente : « Dire que j'ai pris une douche ce matin. Cela n'en valait pas la peine. » Et l'autre de lui répondre : « Moi j'ai fait mon compte. Je n'ai pas pris cette peine. » L'électeur venu de Beyrouth se demande ce qu'il est venu faire dans cette galère quand la marée humaine le pousse vers l'intérieur. Les vitres de la porte d'entrée volent soudain en éclats et le sang gicle sur les dalles. Tout le monde hurle en même temps. La foule a réussi à entrer à l'intérieur, mais l'armée arrive en force cherchant à arrêter le flot. En vain. Nul ne sait qui est blessé, mais tout le monde est barbouillé de sang. Un vote démocratique, cela ? La question est posée aux responsables. Quant à l'électeur venu de Beyrouth, il regrette d'avoir voulu accomplir son devoir national...
Zahlé, ses ruelles (zwamik en dialecte local), la fougue de ses habitants encore plus survoltés que d'habitude à cause des élections. Un électeur venant de Beyrouth a le sentiment de débarquer sur une autre planète. Il cherche d'abord à savoir dans quel bureau voter. Mais pour obtenir l'information, il doit dire où vont ses...

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