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Législatives : l'économie du Liban, autre enjeu d'une victoire du Hezbollah

Le scénario d'une victoire du Hezbollah et de ses alliés aux législatives dimanche fait craindre dans certains cercles une diminution de l'aide internationale au Liban, même si d'autres en minimisent l'impact.

Le Liban, qui jouit d'un solide secteur bancaire mais croule sous une dette publique de 47 milliards de dollars, a reçu ces dernières années des gorgées d'aides internationales afin d'assainir ses finances et de se relever d'une guerre en 2006 entre Israël et le Hezbollah.

"Si le Hezbollah gagne, les engagements de la communauté internationale seront remis en question", affirme l'économiste Sami Nader.

En janvier 2007, une conférence internationale à Paris a permis de réunir 7,6 milliards USD en prêts et dons, le plus important montant jamais promis au Liban.

Ce soutien a été en partie conditionné à un programme de réformes prévoyant une hausse de la TVA et la privatisation des secteurs de l'électricité et de la téléphonie mobile. Ce programme n'a pu être mis en oeuvre en raison d'une crise politique qui a failli plonger le pays dans une nouvelle guerre civile.

Le camp mené par le Hezbollah "acceptera-t-il de mener ces réformes s'il gagne les élections?", écrit Rajeh Khoury, éditorialiste au quotidien "an-Nahar", proche de la majorité antisyrienne sortante soutenue par l'Occident.

"Le Hezbollah ne veut pas d'une économie basée uniquement sur les aides et les prêts, mais une économie productive", rétorque Abed Al Halim Fadlallah, président du Centre de consultation et de recherches affilié au Hezbollah, qui a rencontré en mars des représentants du Fonds monétaire international (FMI).

Récemment, le vice-président américain Joe Biden a affirmé que le programme d'aide de son pays, qui considère le Hezbollah comme un mouvement terroriste, dépendrait de l'issue du scrutin, et certains craignent que ces paroles soient traduites en actes.

"C'est l'administration américaine qui détient la clé des aides internationales", juge M. Khoury.

Les instances financières internationales ont fait savoir qu'elles traiteraient avec tout gouvernement issu du scrutin du 7 juin, mais Washington a des droits de vote suffisants pour bloquer toute décision au FMI.

Des observateurs s'inquiètent pour les investissements, les dépôts bancaires et le tourisme, en pleine croissance à la faveur d'une accalmie politique.

"La confiance dans le pays va être ébranlée, car le Hezbollah a un programme politique et idéologique aux antipodes de la logique internationale", souligne M. Nader. "C'est une politique de confrontation unilatérale avec Israël qui va isoler le Liban".

La majorité a prévenu qu'une victoire du Hezbollah, un allié de Téhéran et Damas, mettrait le pays en danger sur le plan économique, ce que ce mouvement qualifie de "propagande électorale".

Mais des économistes estiment eux aussi que ce "danger" est sans fondement.

"Je ne crois pas qu'une telle victoire exempterait les pays arabes ou étrangers de leurs engagements envers le Liban", affirme Kamal Hamdane, directeur de l'Institut de recherches et de consultation. "L'Union européenne ne va pas punir un Liban qui balance d'un côté à un autre et, malgré les avertissements de Biden, je ne crois pas que l'Amérique va le faire non plus".

"La Banque mondiale a des projets qui se chiffrent à des millions de dollars au Liban, elle ne va pas sacrifier ses intérêts", estime-t-il. "Les problèmes économiques du Liban sont tellement graves qu'il est difficile de croire qu'un des deux camps puisse à lui seul trouver une solution".


Le Liban, qui jouit d'un solide secteur bancaire mais croule sous une dette publique de 47 milliards de dollars, a reçu ces dernières années des gorgées d'aides internationales afin d'assainir ses finances et de se relever d'une guerre en 2006 entre Israël et le Hezbollah.
"Si le Hezbollah gagne, les engagements de la communauté internationale...