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L'aide militaire de Washington, un des enjeux des législatives libanaises

Les États-Unis suspendront leur aide militaire en cas de percée du Hezbollah aux élections législatives du 7 juin, tout en cherchant à garder des relations avec le Liban, selon les experts.

Le scrutin mettra aux prises la majorité parlementaire antisyrienne menée par la plus grande formation sunnite du pays, le Courant du futur de Saad Hariri, et la minorité menée par le puissant parti chiite Hezbollah, un allié de la Syrie et de l'Iran, considéré comme terroriste par Washington.

Les experts s'accordent à dire que les perspectives de percée électorale du Hezbollah représentent un dilemme pour le président américain Barack Obama: d'un côté il ne pourra pas continuer à livrer des armes à un gouvernement contrôlé même indirectement par le parti islamiste, opposé à la paix avec Israël, de l'autre, il ne veut pas laisser le champ libre à Téhéran.

L'administration cherchera donc "un moyen de maintenir une relation avec le Liban", estime Toni Verstandig, une ancienne secrétaire d'État adjointe chargée du Proche-Orient ayant fait partie de l'équipe de transition de M. Obama.

"Le problème est de maintenir la structure de l'État libanais et de continuer à la faire progresser", ajoute Mme Verstandig, aujourd'hui chargée du Proche-Orient à l'Aspen Institute.

C'est dans cet esprit que le vice-président américain, Joe Biden, s'est rendu fin mai à Beyrouth pour prévenir les Libanais que "les États-Unis détermineront leur programme d'aide en fonction de la composition et des politiques du prochain gouvernement".

Les États-Unis ont fourni depuis 2006 à l'armée libanaise une aide militaire de près de 500 millions de dollars, qui comprend des avions, des chars, des armes légères, des véhicules et de l'entraînement.

Pour Steven Cook, chercheur au Council on Foreign Relations (CFR), une avancée électorale, même minime, du Hezbollah, seul mouvement libanais à ne pas avoir déposé les armes après la fin de la guerre civile (1975-1990) qui dispose aujourd'hui d'une puissance de feu supérieure à celle de l'armée libanaise elle-même, signifiera la mort des programmes d'aide militaire américaine au Liban.

"Personne à Washington n'est très doué pour les nuances", explique cet expert. "Je pense donc qu'une percée du Hezbollah, quelle qu'elle soit, a toutes les chances de mettre très rapidement fin à tout programme militaire autre que l'entraînement" de la police et des services de sécurité notamment.

Une perspective qui inquiète Paul Salem, du Carnegie Endowment for International Peace, car le scrutin risque de s'achever sur un résultat ambigu, en raison de la complexité du système électoral libanais qui garantit une représentation à toutes les confessions.

"Quelle que soit la majorité le 7 juin, elle sera très étroite", indique cet expert, qui appelle Washington à faire pression sur la majorité antisyrienne pour qu'elle accepte l'idée d'un gouvernement d'union nationale.

"Les États-Unis et leurs alliés européens et arabes devraient soutenir fermement le président Michel Sleiman, qui joue un rôle d'équilibre et de modération dans le système, et l'armée nationale qui, bien que pas très puissante, joue un rôle crucial de maintien de la sécurité et de la stabilité dans le pays", poursuit Paul Salem.

Pour le moment, M. Obama est resté prudent, éludant les questions sur d'éventuelles relations avec le Hezbollah au moment où il veut ouvrir le dialogue avec l'Iran.

"Si un jour un chef d'État membre de cette organisation est élu à la tête de l'État, on se posera la question", a-t-il déclaré lundi à la radio américaine publique NPR. "Cela n'est pas encore arrivé".

La Constitution libanaise stipule que le président doit être chrétien.


Le scrutin mettra aux prises la majorité parlementaire antisyrienne menée par la plus grande formation sunnite du pays, le Courant du futur de Saad Hariri, et la minorité menée par le puissant parti chiite Hezbollah, un allié de la Syrie et de l'Iran, considéré comme terroriste par Washington.
Les experts s'accordent à dire que...