Un bois, un lac, quelques canards et de l'herbe. C'est tellement simple, basique, mais ça plante déjà - oui rien que ça - le décor d'une vie meilleure. Un espace vert, ça paraît tellement banal mais dans une ville comme Beyrouth, c'est simplement extraordinaire.
Certes, il y a tant de choses à régler dans une ville comme Beyrouth, mais on peut commencer par des détails. Par des initiatives de prime abord totalement superflues, car tellement en dissonance avec les besoins primaires et urgents du moment. Certes, il y a l'eau, l'électricité, les frontières, l'indépendance et la souveraineté. Alors qu'une forêt en milieu urbain, c'est en résumé et très simplement un bois, un lac, quelques canards... Mais c'est aussi une manière de commencer à répondre à des nécessités environnementales, vitales, qui se font de plus en plus pressantes. C'est un attachement inébranlable à la terre, un acte de foi dans une nature qui a tant de fois été malmenée par les citoyens de ce pays, à cause de l'indifférence générale, du vandalisme des uns et de la cupidité des autres.
Aujourd'hui, en 2009, au Liban, alors que les passions électorales se déchaînent et que les discours vides de sens se succèdent, il aurait simplement suffi à un candidat de promettre aux citoyens qu'ils pourront très bientôt, pas très loin de chez eux, s'allonger sur l'herbe, les écouteurs d'un mp3 dans les oreilles, regarder un chien courir, un canard barboter ou une pie construire son nid, pour augmenter considérablement ses chances d'être élu. Ça paraît frivole, mais ça ne l'est qu'à moitié. Car après tout, permettre à une capitale de mieux respirer c'est lui permettre, à long terme, de mieux réfléchir, de mieux se définir. Et peut-être, aussi, de (re)trouver son âme.
Au lieu de tout cela, et dans la vraie vie, les jardins de Sanayeh, Sioufi et Saint-Nicolas risquent d'être tout simplement voués à la destruction.