Le président Nicolas Sarkozy se rend lundi aux Emirats arabes unis pour inaugurer la nouvelle base militaire française d'Abou Dhabi par laquelle Paris compte s'assurer, face à l'Iran, une position stratégique dans la région.
M. Sarkozy tentera également de promouvoir de gros contrats d'armement et de nucléaire civil avec les entreprises françaises.
Annoncée il y a un an et demi lors d'une première visite du président français à Dubaï, l'implantation de cette base sur les rives du stratégique détroit d'Ormuz complète le dispositif militaire français au Moyen-Orient et dans l'Océan indien et illustre la relation privilégiée nouée par Paris avec le richissime émirat pétrolier du Golfe.
Baptisé "Camp de la paix", ce nouveau quartier doit héberger à terme 400 à 500 soldats sur trois sites. Une base navale et de soutien logistique dans le port d'Abou Dhabi, une base aérienne où stationnera un détachement de trois avions de combat et un camp d'entraînement.
Dans un entretien à paraître dans la revue Diplomatie, Nicolas Sarkozy a justifié l'ouverture de cette base permanente à l'étranger, la première depuis les indépendances africaines, par sa volonté de "participer pleinement à la stabilité de cette région essentielle pour l'équilibre du monde".
En clair, la France souhaite s'assurer, comme les Etats-Unis, une position stratégique dans une région par laquelle transitent 40% du pétrole mondial et où plane la menace du grand voisin du nord du détroit d'Ormuz, l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
"Nous nous plaçons délibérément dans une position de dissuasion (...) si l'Iran attaquait, effectivement, nous serions attaqués aussi", résume-t-on sans la moindre ambiguïté à l'Elysée.
Quelques voix se sont déjà élevées contre ce déploiement. A son annonce en janvier 2008, le leader centriste François Bayrou avait dénoncé un "changement très grave" de la politique de la France dans le Golfe, redoutant qu'elle puisse être ainsi "entraînée malgré elle dans un conflit".
En dehors des questions géopolitiques, Nicolas Sarkozy profitera de son séjour de moins de vingt-quatre heures à Abou Dhabi pour endosser sa casquette de promoteur en chef des entreprises françaises.
Les marchés émiratis de l'énergie, de l'armement, de l'aéronautique et des travaux publics aiguisent les appétits de Total, EADS (Airbus), Dassault, Bouygues, Areva ou GDF Suez, dont les grands patrons seront du voyage.
Même si son entourage prévient qu'aucun accord ne sera signé pendant la visite, le président français ne devrait pas manquer, lundi et mardi avec le prince héritier et le président de la fédération des EAU, de pousser les feux de deux gros contrats.
La France espère d'abord faire d'Abou Dhabi le premier client étranger de son Rafale. Les Emiratis ont fait savoir l'an dernier qu'ils envisageaient "sérieusement" de remplacer leurs 60 Mirage 2000, par l'avion dernier-cri du constructeur Dassault. "Ca avance", confie-t-on prudemment à l'Elysée, refroidi par les échecs répétés de l'engin à l'exportation.
Paris vise également une part de choix sur le marché local du nucléaire civil, après avoir pris les devants en signant dès janvier 2008 un accord de coopération avec les EAU, relayé par une offre pour deux réacteurs présentée par un consortium Areva/GDF-Suez/Total. Mais la compétition s'annonce rude, avec les Américains notamment.
M. Sarkozy tentera également de promouvoir de gros contrats d'armement et de nucléaire civil avec les entreprises...