De 51 dollars le kilogramme en Afghanistan, le prix est multiplié par cinq une fois la frontière passée, et atteint 1 500 dollars à Téhéran. L'Iran est une des principales voies de transit de la drogue afghane vers le Proche-Orient et les pays occidentaux. Selon l'ONU, environ 40 % des 7 700 tonnes de stupéfiants produits en Afghanistan en 2008 passaient par le pays, où la drogue fait aussi des ravages dans la population. La tâche est immense pour la police iranienne, censée surveiller plus de 1 800 kilomètres d'une frontière désertique avec l'Afghanistan et le Pakistan. Elle est aussi mortelle avec 3 700 membres des forces de l'ordre tués en plusieurs décennies par des trafiquants armés jusqu'aux dents.
Tranchées, murs de sable, forces spéciales, pendaison des trafiquants, tout a été essayé. Malgré cela, le chef de la police iranienne Esmaïl Ahmadi Moghaddam s'engage à renforcer les contrôles, tout en rendant hommage à ses hommes tombés dans un combat « pour tous les jeunes du monde ». Il a organisé cette visite pour que ses participants « voient notre combat, de façon à obtenir leur soutien et une aide financière », dit-il à Zahedan (Sud-Est), capitale de la province du Sistan-Balouchestan, proche des frontières afghane et pakistanaise.
En trois ans, l'Iran a doublé sa force de garde-frontière, construit 80 kilomètres de mur en dur, dressé 160 tours de guet et creusé 460 kilomètres de fossés. M. Ahmadi Moghaddam explique que « l'objectif est de sécuriser d'ici à deux ans toute la frontière du Sistan-Balouchestan », longue de plus de 900 kilomètres. Pour compliquer le tout, les forces de l'ordre affrontent régulièrement un groupe rebelle, Joundallah, revendiquant une autonomie pour la minorité baloutche.
Depuis un hélicoptère, on survole un désert ponctué de guérites et délimité par un canal de quatre mètres de large sur cinq de profondeur. Les policiers et soldats sont requis de l'entretenir régulièrement à cause des tempêtes de sable qui le comblent. Quant aux escarmouches avec les trafiquants, elles sont fréquentes.
Lors de la visite, le responsable de la lutte contre la drogue des Nations unies (UNDOC), Antonio Maria Costa, appelle la communauté internationale à reconnaître les efforts de l'Iran. « Sa police de lutte contre la drogue est l'une des meilleures du monde, assure-t-il. Je ne connais pas de pays ayant fait tant d'efforts. » Il précise que « l'essentiel du financement est local ».
L'Iran dit avoir dépensé l'équivalent de 800 millions de dollars depuis 2006 pour renforcer les contrôles à sa frontière orientale. M. Costa espère que cette visite ouvrira « une nouvelle phase de soutien à l'Iran et à la région » dans cette lutte.
Hiedeh FARMANI (AFP)
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