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Liban - Hors piste

Promesses non tenables

Hassan Nasrallah, qui se fait prolixe à l'approche du 7 juin pour mobiliser « les plus honnêtes des gens », pavoisait récemment en affirmant à propos de son parti divin que « ceux qui ont vaincu l'armée la plus puissante de la région peuvent gouverner un pays cent fois plus grand que le Liban ». Au-delà du ton arrogant, cette affirmation mérite plusieurs remarques.
Lorsque le chef du Hezbollah parle de la « victoire » fort contestable de la guerre de juillet ou de celle du printemps 2000, il convient de rappeler que le parti de Dieu n'aurait jamais réussi à tenir bon face à l'offensive israélienne de 2006 ni à mettre un terme à l'occupation du Liban-Sud sans la contribution, d'une façon ou d'une autre, de l'ensemble de la société et de l'État libanais au combat de la Résistance. La déclaration ministérielle du gouvernement actuel à laquelle les ministres du Hezbollah ont pleinement adhéré stipule clairement d'ailleurs à cet égard que c'est « le peuple, l'armée et la Résistance du Liban » qui ont affronté les récurrentes agressions israéliennes contre le pays. En s'arrogeant tout le mérite de la victoire et de la libération, Hassan Nasrallah est non seulement en train de violer les stipulations d'un document officiel que son parti a signé et sur base duquel les députés ont accordé leur confiance au cabinet, il est également en train de fausser l'histoire. L'histoire de ces milliers d'inconnus, toutes appartenances confessionnelles, régionales et partisanes confondues, qui ont sacrifié leur vie dans la lutte contre l'occupation ; de ces milliers de militants communistes, socialistes ou nationalistes qui ont précédé leurs confrères islamistes sur les chemins escarpés de la résistance ; de ces soldats de l'armée et agents des FSI qui ont défié l'envahisseur malgré les faibles moyens dont ils disposent ; de ces jeunes partisans du CPL, des FL, du Courant du futur, du PSP, de la Gauche démocratique, du PCL, du PSNS et d'autres formations qui avaient accueilli les habitants du Sud et de la banlieue ayant fui les zones touchées par les bombardements en juillet 2006 ; et surtout de tous les habitants du Liban-Sud, de tous ces civils non partisans qui ont lutté, en silence et pendant de longues années, contre l'occupation israélienne, bien avant que le Hezbollah ne voie le jour.
Le fait dont excipe Hassan Nasrallah pour étayer son affirmation selon laquelle son parti serait à même de « gouverner un pays cent fois plus grand que le Liban » est donc tout simplement erroné. « Ceux qui ont vaincu » Israël sont les Libanais dans leur ensemble, y compris le Hezbollah. Mais passons...

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Même en admettant cette distorsion des faits historiques, pratique dans laquelle les ténors du parti khomeyniste libanais sont passés champions, il n'en demeure pas moins que le Hezbollah est parfaitement incapable de diriger le Liban. Cela s'explique par la composition même du Hezbollah. Parti insurrectionnel par excellence, ce dernier a en effet bâti sa crédibilité et son aura morale sur sa non-participation directe à la gestion de la chose publique libanaise. Devant être représenté au gouvernement après le départ de son allié stratégique syrien, il s'est hâté de claquer la porte du premier cabinet Siniora et il s'est retranché derrière ses alliés, se contentant d'un seul ministre, dans le second gouvernement de l'actuel Premier ministre. De plus, comme toute autre collectivité, la communauté chiite a besoin de participer ou pouvoir pour profiter d'une fraction de la manne étatique. Ayant besoin d'entretenir son image de parti incorruptible, le parti a dévolu à Nabih Berry la tâche de partenaire chiite du clientélisme politique, tout en se servant du chef d'Amal comme paravent contre les éclaboussures de la corruption et en se résignant à payer pour cela le prix de la dualité sur sa propre scène communautaire.
Si un jour le Hezbollah et ses alliés devenaient majoritaires au gouvernement, cela marquerait le début du déclin de la crédibilité du parti. Dans ce cas, au bout de quelques mois, le public se rendrait compte que la formation khomeyniste ne dispose pas de solutions magiques pour mettre un terme aux coupures de courant et d'eau, assainir les finances publiques, juguler la déferlante du chômage, entretenir le réseau routier, alléger les charges fiscales, éradiquer la corruption, briser les pratiques monopolistiques et oligopolistiques, bref, pour améliorer son quotidien. Les discours populistes ont ceci de particulier est qu'ils simplifient les problèmes au point qu'ils deviennent insolubles, comme le montre l'expérience Ahmadinejad en Iran, où l'inflation dépasse les 20 % et la population subit un rationnement de l'essence dans un pays producteur de pétrole, ce qui nourrit une véritable grogne sociale contre le régime. Ce n'est pas seulement de dénégations de la Shoah et d'insultes contre l'Occident et le sionisme que peuvent vivre les citoyens...
Hassan Nasrallah, qui se fait prolixe à l'approche du 7 juin pour mobiliser « les plus honnêtes des gens », pavoisait récemment en affirmant à propos de son parti divin que « ceux qui ont vaincu l'armée la plus puissante de la région peuvent gouverner un pays cent fois plus grand que le Liban ». Au-delà du ton arrogant, cette affirmation mérite plusieurs remarques.Lorsque le chef du Hezbollah parle de la « victoire » fort contestable de la guerre de juillet ou de celle du printemps 2000, il convient de rappeler que le parti de Dieu n'aurait jamais réussi à tenir bon face à l'offensive israélienne de 2006 ni à mettre un terme à l'occupation du Liban-Sud sans la contribution,...
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