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Liban - Texto

De scrutin et de gloire

L'important, ce n'est pas le texte, mais la bonne foi des parties. Tous les bons juristes le savent. L'accord de Taëf était décrié, honni, rejeté par près de la moitié de la population libanaise. À peine appliqué, il a été interprété, réinterprété mille fois, non seulement par le régime syrien qui exerçait alors une paisible tutelle sur le Liban, mais aussi, et c'est bien là que le bât blesse, par les hommes au pouvoir dans ce pays. Le problème de Taëf était donc double, et particulièrement épineux : d'une part, ce texte était fondateur de la IIe République, et, d'autre part, il était pour une grande partie de la population de ce pays un texte illégitime car taillé sur mesure par la partie qui avait remporté la guerre : le régime syrien et ses alliés libanais de l'époque.
Que ce texte ne trouve pas pleine et entière application s'avère donc, quelque part, compréhensible. Il faudra pour cela du temps, mais aussi et surtout une bonne dose de bonne volonté pour passer le cap de l'abolition du confessionnalisme politique. Et vu le cours que prennent les choses, l'avenir ne semble pas prometteur.
Il est certainement aisé de sombrer dans un pessimisme bon marché. Il reste qu'après Taëf, il y a eu Doha. Un texte peaufiné des jours durant, un texte qui a obtenu l'assentiment de toutes les parties concernées. Mais un texte dont l'aura n'aura pas pu dépasser une année d'existence. Il va sans dire que la trêve médiatique prévue par le texte était illusoire, et qu'il ne pouvait être concevable que celle-ci soit respectée surtout à l'approche d'un scrutin aussi délicat.
Le bilan est toutefois négatif à deux niveaux : celui du dialogue national, et celui du respect de la souveraineté de l'État et la primauté du droit. Bilan qui, il faut le dire, est singulièrement inquiétant.
Il est regrettable que les réunions de dialogue national aient pris des allures de sympathique routine, de rencontres périodiques entre des membres d'un vieux club très privé. La responsabilité de la banalisation de ces réunions et de l'absence de résultats, round après round, incombe à chacune des 14 personnalités qui étaient présentes à cette table.
Quant à la souveraineté nationale et la primauté du droit mentionnées par le texte de Doha, elles ont encaissé encore un coup. Que la journée du 7 mai 2008 soit abordée dans un discours politique, rien de plus normal. Mais ériger cette journée - qui a fait basculer un pays tout entier dans un passé que tout un peuple désire enfouir dans sa mémoire collective - en événement glorieux, c'est délégitimer délibérément le texte signé à Doha. C'est, à l'approche des élections, réveiller les douleurs encore vivaces des habitants de Beyrouth.
En supposant que les Libanais soient tout à fait capables de régler leurs comptes par le biais des urnes, il aurait été plus habile d'attendre que cette peine provoquée par le 7 mai 2008 s'estompe un minimum de la mémoire des gens avant de chercher à la teinter de gloire.
L'important, ce n'est pas le texte, mais la bonne foi des parties. Tous les bons juristes le savent. L'accord de Taëf était décrié, honni, rejeté par près de la moitié de la population libanaise. À peine appliqué, il a été interprété, réinterprété mille fois, non seulement par le régime syrien qui exerçait alors une paisible tutelle sur le Liban, mais aussi, et c'est bien là que le bât blesse, par les hommes au pouvoir dans ce pays. Le problème de Taëf était donc double, et particulièrement épineux : d'une part, ce texte était fondateur de la IIe République, et, d'autre part, il était pour une grande partie de la population de ce pays un texte...
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