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Liban - Hors piste

De la continuité du soutien américain au 14 Mars

Au cours des dernières semaines, Beyrouth a été la scène d'une valse d'émissaires américains de l'équipe de Barack Obama. La secrétaire d'État, Hillary Clinton, son adjoint Jeffrey Feltman et le bras droit de ce dernier, David Hale, se sont succédé dans la capitale libanaise, s'évertuant à répéter que le soutien de Washington à la souveraineté et l'indépendance du Liban demeure inaltérable et qu'il n'y aura pas de compromis régionaux au détriment du pays et de son précieux, de son irremplaçable, de son indispensable tribunal international.
Cette insistance américaine presque sans précédent est de nature à rasséréner les plus frileux, les plus anxieux, les plus pessimistes des partisans de l'intifada de l'indépendance. Malgré ce qu'ont prétendu des esprits obtus de la majorité parlementaire à la veille des présidentielles étasuniennes, l'arrivée de l'équipe Obama aux affaires à Washington a été bénéfique pour le 14 Mars qui jouit désormais d'un soutien égal - du moins en apparence - à celui que lui a fourni la calamiteuse administration républicaine de Bush fils, les incartades et les bavures de cette dernière en moins.
Il reste qu'une telle persistance américaine dans le soutien aux acquis du 14 Mars n'est pas fortuite. Les Américains se sont - enfin ! - rendu compte qu'un dialogue entre Washington et Damas est de nature à réveiller dans l'esprit des Libanais les souvenirs des pires de leurs cauchemars, ceux de l'entente Murphey-Assad, ceux d'un Liban violé, volé, pillé, dépecé par Israël et la Syrie, d'un pays écrasé sous le joug des occupations fraternelle ou ennemie. Ayant compris que des pourparlers directs avec le régime des Assad s'imposaient pour leur permettre de s'extirper du bourbier sanguinaire irakien, les États-Unis n'ont ménagé aucun effort pour rassurer les Libanais partisans du projet du véritable, de l'authentique État, afin d'empêcher un quelconque effritement, sous l'impulsion de la crainte d'un compromis syro-américain. Chose que les États-Unis n'ont aucunement intérêt, du moins pas actuellement, à provoquer.
Le Liban est loin d'être le centre des préoccupations de Washington dans le monde ou même dans la région. Le poids géopolitique du pays à l'échelle proche-orientale reste fort limité. Il n'en demeure pas moins que le Liban a une importance stratégique cruciale pour les États-Unis, et non seulement parce qu'il se situe aux frontières nord d'Israël. Les USA ont en effet besoin d'une victoire, d'une toute petite victoire dans la bataille - simpliste et irréfléchie - de la démocratie au Proche-Orient qu'ils ont proclamée et qu'ils ont perdue partout, en Irak, en Palestine, en Afghanistan, au Pakistan, dans le Golfe, mais pas au Liban où ils ont pu faciliter quelques progrès en matière de liberté. Contrairement à l'État hébreu, les États-Unis ont donc besoin de voir la frêle, la microscopique, l'embryonnaire démocratie libanaise prospérer et (re)devenir un exemple à suivre pour les autres États arabes qui croulent sous le poids des autocraties religieuses, nationalistes, militaires ou tout simplement mafieuses, meilleurs alliés de l'intégrisme. Ce n'est pas que Washington soit charitable et altruiste en matière d'exportation de la démocratie, loin de là. L'idée est simplement qu'une superpuissance a besoin d'exporter ses valeurs - celles de la démocratie en l'occurrence - au même titre que les armes et autres produits commerciaux. Que les forces du 14 Mars - seul vecteur de la démocratie au Liban - puissent tenir bon, même si elles perdaient les élections, même si elles se rapprochaient du centre et tendaient la main à Nabih Berry et autre Nagib Mikati, est donc d'une importance loin d'être négligeable pour les USA.
D'autant que ces derniers n'ont pratiquement jamais eu d'alliés dans la région qui jouissent de l'assise populaire solide qui est - encore - celle de la majorité. Les interlocuteurs privilégiés de Washington dans la région sont en effet des autocrates honnis par leurs peuples respectifs. Pour les USA, avoir, dans la région, des alliés dont l'ancrage populaire ne fait pas de doute n'est pas une mince affaire.
Au-delà de ces considérations, si Washington tente de neutraliser l'impact de son dialogue avec Damas sur le Liban, il va sans dire que les législatives libanaises auront des répercussions directes sur les négociations syro-américaines. L'on peut même affirmer sans trop exagérer que l'issue du scrutin du 7 juin sera l'un des facteurs déterminants de l'orientation que prendra ce processus. En effet, une victoire du Hezbollah et de ses alliés renforcerait sensiblement le poids du régime des Assad dans ses pourparlers avec les USA et lui accorderait davantage de cartes à négocier. Inversement, un triomphe du 14 Mars et des indépendants éloignerait durablement le spectre de la tutelle étrangère.
Au cours des dernières semaines, Beyrouth a été la scène d'une valse d'émissaires américains de l'équipe de Barack Obama. La secrétaire d'État, Hillary Clinton, son adjoint Jeffrey Feltman et le bras droit de ce dernier, David Hale, se sont succédé dans la capitale libanaise, s'évertuant à répéter que le soutien de Washington à la souveraineté et l'indépendance du Liban demeure inaltérable et qu'il n'y aura pas de compromis régionaux au détriment du pays et de son précieux, de son irremplaçable, de son indispensable tribunal international.Cette insistance américaine presque sans précédent est de nature à rasséréner les plus frileux, les...
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