La tiédeur de la campagne électorale traduit en effet tout cela, tout comme l'absence de propositions, de programmes, de promesses concrètes faites aux citoyens.
Les mots simples existent. Il suffit juste d'en faire usage. Il suffit juste de les remettre au goût du jour pour désintoxiquer les citoyens de ce trop-plein de grands principes dont aucun des responsables - qu'ils fassent partie du pouvoir en place ou de l'opposition - n'est véritablement en mesure d'en assurer la réalisation immédiate et pérenne. Des principes qui, à force d'être invoqués, répétés, finissent par se vider de leur sens, par ne plus signifier grand-chose, pas même au plus fervent défenseur de la souveraineté, de la liberté et de l'indépendance nationales.
Même au risque de se brûler les ailes, les candidats, tous les candidats auraient toutefois pu se hasarder sur de nouvelles pistes. Comme le renforcement des mesures sociales, la mise sur pied d'un plan social viable et imperméable à la cupidité des uns et des autres. Comme la mise en place d'un système de soutien financier aux projets des jeunes entrepreneurs locaux, ce qui permettrait incidemment d'endiguer l'émigration des jeunes. Comme la promesse d'œuvrer pour le vote d'une loi reconnaissant et rendant possible sur le sol libanais le mariage civil, une mesure qui, à elle seule, serait de nature à renforcer une réconciliation nationale que l'on cherche tant à réaliser et qui tarde à se concrétiser.
Certes, il peut être périlleux de se lancer dans des promesses dont on sait qu'elles seront fort difficiles à tenir. Mais, en politique aussi, il peut quelquefois s'avérer utile de nourrir les rêves de citoyens qui ont cessé, depuis fort longtemps déjà, de se sentir citoyens. Et qui ne connaissent plus le goût du rêve.