Dans le camp adverse, l'ancien député et ministre Edmond Rizk annoncera sa liste dans les trois prochains jours et sera « en principe complète », affirme-t-il. « J'essaie d'approcher certains candidats pour qu'ils se présentent sur une même liste », indique-t-il, affirmant que « le conflit entre des leaders non originaires de Jezzine est une forme d'agression contre le caza ». Cette liste bénéficiera de l'appui « de tous ceux qui désireraient nous soutenir, sachant que nous saluons tous ceux qui appuieraient les orientations de cette liste qui veut préserver l'indépendance de la région, sa liberté de décision, sa spécificité et la coexistence entre ses différents habitants ».
Et M. Rizk d'insister : « Nous refusons que les échéances du 7 juin revêtent un aspect de division entre la majorité et l'opposition ou entre les pôles de l'opposition, parce que nous estimons que ces élections sont un droit exclusif aux électeurs du caza. La décision de Jezzine doit être prise à Jezzine même. Et le parcours suivi par MM. Aoun et Berry pour ces élections ne reflète nullement la réalité du caza qui est libre de ses décisions dans le respect de nos constantes électorales. »
Des rumeurs circulent par ailleurs sur l'éventuelle formation d'une quatrième liste qui serait présidée par M. Faouzi Asmar, candidat à l'un des deux sièges maronites du caza.
Bataille interaouniste
Selon un observateur averti, la vraie bataille sera menée sur les sièges maronites entre les deux pôles de l'opposition, « la ou les listes des indépendants ont peu de chances de passer ». « Le Hezbollah ne va pas laisser les mains libres aux chiites de Jabal Rihane, explique-t-il. Il leur demandera de voter pour le candidat au siège grec-catholique figurant sur la liste du CPL, et pour l'un des deux candidats maronites sur cette même liste, ainsi qu'en faveur du candidat maronite Samir Azar. La liste des indépendants qui sera menée par M. Edmond Rizk risque de payer le prix d'un désintéressement général de la part des forces du 14 Mars, qui n'ont pas voulu jeter leur poids dans le processus pour rétablir l'équilibre dans une région prise sous la réalité chiito-aouniste. »
Une première bataille sera ainsi livrée, selon cet observateur, entre les deux candidats maronites aounistes, Michel Hélou « qui possède d'importants moyens financiers » et Ziyad Assouad « qui compte sur l'ensemble des aounistes de la région, ce qui n'est pas évident pour lui, à moins qu'il y ait un mot d'ordre secret de la part de M. Michel Aoun en faveur de l'un de ses deux candidats maronites, ce dont on ne peut s'assurer qu'à la veille du jour J ». Et cet observateur d'ajouter : « Cette bataille se fera au prix d'une grande désillusion d'un électorat qui espérait une position plus tranchée de la part de Michel Aoun, c'est-à-dire qu'il impose ses trois candidats. »
La position du Hezbollah
Dans un tel contexte, quid de la position du Hezbollah ? Selon une source proche du parti, « ce dernier avait, lors de la réunion de Doha, persuadé le chef de l'Assemblée nationale d'accepter la loi de 1960, lui promettant en contrepartie que le nombre de députés de son bloc parlementaire ne serait pas réduit ». « C'est ainsi que lors de la dernière rencontre entre le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, et MM. Aoun et Berry, sayyed Nasrallah a affirmé qu'il respectera son engagement envers le président du Parlement et que, par conséquent, il demandera à ses électeurs de voter en faveur de M. Samir Azar », poursuit cette source. « De plus, ajoute-t-elle, sayyed Nasrallah a fait promettre à MM. Aoun et Berry que ni l'un ni l'autre ne donnera l'ordre à sa base électorale de voter en faveur d'un candidat maronite des listes adverses. »
Du côté du CPL, M. Ziyad Assouad affirme que « la liste ne sera pas percée ». « Dans ce genre de bataille, tous les moyens sont permis, et, par conséquent, nous ne serons pas conciliants », insiste-t-il. Concernant le conflit qui a empêché MM. Aoun et Berry de présenter une liste commune, le candidat aouniste souligne que « les deux parties ont des visions différentes pour le caza ». « Nous voulons restituer à Jezzine sa place naturelle, que ses députés exercent leur devoir législatif et que les projets de développement englobent aussi cette région qui est vide de ses habitants », ajoute-t-il.
Pléthore de listes et de candidats
Ce paysage électoral est « désolant » pour de nombreux candidats à Jezzine, qui affirment que le caza n'a jamais vu une telle pléthore de listes et de candidats pour un nombre limité de sièges (deux maronites et un grec-catholique). En effet, trois ou quatre listes mèneront la course et chacun des 22 candidats (12 maronites et 10 grecs-catholiques) espère faire son entrée dans l'hémicycle en juin prochain. « La dispersion des voix est constatée dans les deux camps du 8 et du 14 Mars, remarque M. Nicolas Salem, candidat au siège grec-catholique du caza. Je ne saurais dire à quel point les électeurs auront la possibilité de voter suivant leurs convictions. Malheureusement, la bataille n'est pas basée sur un programme électoral pour la région. Si les candidats indépendants s'allient, ils pourront percer les listes adverses et renverser la donne. »
La question qui se pose est celle de savoir sur quelle base votera l'électorat de Jezzine qui compte 34 300 maronites, 10 800 chiites, 8 500 grecs-catholiques, 1 000 sunnites et 500 druzes. Votera-t-il utile, par intérêt ou pour une option politique ? La réponse se trouvera dans les urnes le 7 juin prochain.
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