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Moyen Orient et Monde - Le point

Correction de tir

« Il représente une évidente menace pour la démocratie ; c'est un raciste et un xénophobe. Avec lui, nous allons vers un clash entre le concept d'un État moderne et celui d'une théocratie. » L'auteur de cette condamnation sans appel d'Avigdor Lieberman, prononcée dans le cadre d'une interview au quotidien madrilène el Mundo, Avraham Burg, ancien président de la Knesset, ex-chef de l'Agence juive et de l'Organisation sioniste dans le monde, mais aussi auteur d'un remarquable « Holocaust is over. We must rise from its ashes » dans lequel il plaide pour l'abandon pur et simple du « judaïsme de ghetto » en faveur d'une notion plus universelle et moins réductrice. Ce « nouveau prophète » ainsi que se plaît à le définir la presse de son pays, proche compagnon de Shimon Peres avant les déviances de ce dernier, part ainsi en guerre aujourd'hui contre le nouveau ministre des Affaires étrangères, qui a entamé lundi une tournée dans quatre capitales du Vieux Continent : Rome, Paris, Prague, Berlin.
Un ultranationaliste à faire pâlir de jalousie le faucon Benjamin Netanyahu, que ce bien curieux pèlerin, dont l'objectif avoué est d'expliquer à ses interlocuteurs européens qu'à trop vouloir critiquer les vues de son gouvernement sur l'épineux sujet de la paix avec les Palestiniens, ils risquent de perdre leur précieux rôle, de concert avec les États-Unis, d'intermédiaire dans la recherche d'une solution. Ce point de vue a déjà été répercuté ces derniers jours par Raffi Barak, directeur adjoint du ministère israélien des AE, à l'intention des représentants du Royaume-Uni, de la France et de l'Allemagne, priés de garder pour quelque temps un profil bas et de se contenter d'un dialogue serein. L'ennui avec le chef du parti Israël Beiteinou c'est qu'il ne veut pas entendre parler de deux États, encore moins du démantèlement des colonies sauvages et pas du tout d'un retour au processus d'Annapolis, autant de thèmes pourtant chers au cœur non seulement des Vingt-Sept mais aussi de l'administration américaine. À Tel-Aviv, on a essayé d'atténuer la portée de ces positions en flèche en arguant que les grandes lignes de la politique étrangère auront achevé d'être définies d'ici au 18 de ce mois, date à laquelle Peres débarquera dans la capitale fédérale pour une série d'entretiens permettant, espère-t-on, de clarifier les positions. Dans le même temps, Benita Ferrero-Waldner, commissaire européennes aux Relations extérieures, a été priée d'éviter de croiser le fer avec l'ancien videur moldave promu par la grâce du récent scrutin populaire au rang de Metternich israélien.
L'intéressé insiste sur son esprit d'ouverture et son changement de cap depuis la campagne des législatives. Ce faisant, il espère élargir encore plus le fossé entre des Européens passablement divisés, les Tchèques notamment faisant cavalier seul alors que les autres membres du bloc affichent leur unité, si l'on excepte les propos, moins lourds de sous-entendus qu'ils n'y paraissent, tenus hier par le chef de la diplomatie italienne (« le renforcement de nos relations ne doit pas s'arrêter parce que l'Europe peut jouer un rôle majeur »). Auparavant, Franco Frattini avait conseillé aux Israéliens, dans une interview accordée au Yediot Aharonot, de proclamer leur plein appui au plan de paix s'ils veulent continuer à bénéficier du soutien de Rome. Et à son homologue israélien d'atténuer la virulence de ses déclarations. On notera en passant que Lieberman, lui, a choisi pour l'occasion de botter en touche en évoquant la menace de l'ogre nucléaire iranien, « facteur déstabilisant pour toute la région et le monde entier ». Peut-on se permettre, en passant, de signaler à l'attention de l'auteur de ce jugement qu'il s'appliquerait mieux encore à son pays ?
Il est évident qu'à Tel-Aviv, on compte davantage sur Peres pour redorer un blason passablement terni, essentiellement en raison de l'extrémisme des successeurs du tandem Ehud Olmert-Tzipi Livni. Sans compter que les effets désastreux sur l'opinion internationale de l'équipée de Gaza n'ont pas encore eu le temps de s'effacer, bien au contraire. Toujours est-il que c'est le président de l'État et non pas le Premier ministre, et encore moins son bras droit, qui a été choisi pour ce premier contact avec le successeur de George W. Bush, qu'il rencontrera ce mardi. Il aura été précédé par une annonce qui a fait grand bruit : celle du nom du nouvel ambassadeur à Washington, Michael Oren. Cet historien, formé dans les universités de Columbia et de Princeton, est un habitué des guerres contre le Liban, qu'il a menées en 1982 puis, en tant que porte-parole militaire, en juillet-août 2006. Depuis, il prône un retrait unilatéral de la Cisjordanie et le démantèlement de la plupart des points de peuplement, « seule possibilité pour nous de sauvegarder notre existence ». Voilà un enseignement dont le tandem Netanyahu-Lieberman pourrait faire son profit.
« Il représente une évidente menace pour la démocratie ; c'est un raciste et un xénophobe. Avec lui, nous allons vers un clash entre le concept d'un État moderne et celui d'une théocratie. » L'auteur de cette condamnation sans appel d'Avigdor Lieberman, prononcée dans le cadre d'une interview au quotidien...

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