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Moyen Orient et Monde - Histoire

L’Arménie commémore le « génocide » de 1915, mais ménage la Turquie

L'Arménie a marqué hier le 94e anniversaire des massacres commis sous l'Empire ottoman, mais souligné que la question de la reconnaissance de ce génocide par la Turquie ne ferait pas obstacle au rapprochement en cours entre les deux pays.
« Il n'y a pas de prescription pour les crimes contre l'humanité, ni dans les souvenirs des gens ni dans l'histoire. (...) Il s'agit de rétablir la justice historique », a déclaré le président arménien Serge Sarkissian dans un communiqué. L'Arménie va continuer à militer pour une reconnaissance internationale du génocide, a-t-il souligné. Parmi les pays qui l'ont déjà reconnu figurent la France, le Canada, la Suisse et la Pologne. Toutefois, ce processus « n'est pas dirigé contre le peuple turc », a-t-il ajouté, sur fond d'amorce d'un rapprochement entre les deux pays ces derniers mois après des années de tensions. « La reconnaissance du génocide par la Turquie n'est pas une condition préalable à l'établissement de relations bilatérales », a-t-il ajouté. Étape importante, les deux pays sont tombés d'accord mercredi sur une « feuille de route » en vue d'une normalisation de leurs relations, au cours de discussions entreprises avec la médiation de la Suisse. Le vice-président américain Joe Biden a appelé M. Sarkissian pour le féliciter de cet accord et a rappelé « le soutien de l'administration américaine à l'Arménie et à la Turquie dans ce processus ». Ce réchauffement a été permis par une visite historique du président turc, Abdullah Gül, à Erevan en septembre 2008, à l'occasion d'un match de football entre les deux pays. Les massacres et déportations de 1915-1917 ont fait plus d'un million et demi de morts selon les Arméniens, 300 000 à 500 000 selon la Turquie, qui récuse la notion de génocide. Ils avaient également poussé des milliers d'Arméniens à fuir ce qui est actuellement l'est de la Turquie. Ankara n'entretient pas de relations diplomatiques avec Erevan depuis l'indépendance de l'Arménie en 1991 en raison des divergences sur la question des massacres.
Signe que la question continue de mobiliser la population en Arménie, des milliers de personnes ont gravi hier sous le soleil une colline de la capitale Erevan pour déposer des fleurs et des couronnes devant un monument dédié aux victimes des massacres. Les commémorations rassemblent chaque année des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup d'Arméniens de la diaspora qui reviennent à Erevan pour l'occasion. Certains participants ont estimé que l'Arménie ne devrait pas rétablir de liens avec la Turquie tant que celle-ci ne reconnaîtrait pas le génocide. « Comment pouvons-nous établir des relations amicales si chaque année, de ce côté de la frontière, nous commémorons le génocide avec dans nos cœurs la douleur de l'injustice, tandis que, de l'autre côté, la Turquie dément cela », s'est exclamée Arpie Glechian, une retraitée de 72 ans.
Mais selon les analystes, beaucoup d'Arméniens soutiennent en réalité les efforts de leur gouvernement pour renouer le fil du dialogue avec la Turquie, dans l'espoir qu'une ouverture de la frontière mette fin à une longue période d'isolement économique de leur pays. Nombre d'entre eux espèrent aussi que le nouveau président américain Barack Obama va tenir sa promesse de campagne de reconnaître le génocide, dans une déclaration sur l'Arménie à la Maison-Blanche. Mais le président Gül a laissé entendre hier qu'il ne s'attendait pas à ce que ce soit le cas. « Il est désormais mieux informé sur toutes ces questions », a dit M. Gül, qui avait rencontré M. Obama début avril.
L'Arménie a marqué hier le 94e anniversaire des massacres commis sous l'Empire ottoman, mais souligné que la question de la reconnaissance de ce génocide par la Turquie ne ferait pas obstacle au rapprochement en cours entre les deux pays.« Il n'y a pas de prescription pour les crimes contre l'humanité, ni dans les souvenirs des gens ni dans...

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