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Moyen Orient et Monde - Russie

Procès Khodorkovski-Lebedev : le théâtre de l’absurde

L'un, exagérément poli, explique la différence entre le pétrole et le saucisson. L'autre interpelle les procureurs non sans rudesse : les ex-magnats du pétrole russe Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev ont transformé hier leur procès en théâtre de l'absurde. Dans leur box de verre, l'ex-PDG du groupe Ioukos et son associé sont longuement intervenus pour plaider non coupables et exprimer leur sentiment envers leur nouveau procès pour détournements et revente illégale de pétrole à hauteur de 20 milliards d'euros.
« On m'a accusé d'avoir physiquement volé 350 millions de tonnes de pétrole, soit la quantité pour remplir un train d'une longueur équivalente à trois fois l'équateur », a déclaré M. Khodorkovski, vêtu d'une veste marron et d'un jean, apparaissant derrière une vitre blindée. « C'est complètement ridicule, comme s'il s'agissait d'un seau de peinture ou d'un saucisson qu'on peut sortir du magasin sous son manteau », a-t-il poursuivi, assurant : « La prise illégale du pétrole n'a pas été établie. » D'un ton neutre, M. Khodorkovski a comparé son nouveau procès au précédent, au terme duquel il avait été condamné en 2005 à huit ans de prison. La « différence fondamentale », selon lui, est que « l'énoncé des faits » avait alors été « falsifié » par les procureurs et qu'il ne figure pas du tout cette fois dans le nouvel acte d'accusation, a-t-il lancé. « On n'a pas le temps d'écouter ces délires. Je demande au juge de réagir et d'interrompre. » M. Khodorkovski, lui, a répondu du tac au tac à un des procureurs, Goultchakhra Ibraguimova, suscitant de vives protestations de la part de la défense. « L'État a touché 40 milliards de dollars d'impôts de Ioukos, mais si le pétrole a été volé (et non vendu légalement), comment Ioukos a-t-il pu payer ces impôts ? Rendez-nous alors ces impôts ! Cela veut aussi dire que la faillite (de Ioukos) était illégale », a conclu M. Khodorkovski.
Contrastant avec le style posé de M. Khodorkovski, M. Lebedev n'a pas mâché ses mots, qualifiant l'acte d'accusation de « faux schizophrénique » et estimant que le procès relève de la « psychiatrie ». Les quatre procureurs se sont fait appeler par lui de « méprisables membres du groupe criminel, Lakhtine et Chokhine », et de « chères inconnues, Kovalikhina et Ibraguimova, ne comprenant toujours pas dans quelle abomination elles se sont fourrées ». Il a ensuite longuement énuméré les fonctions qu'il avait occupées chez Ioukos, et les personnalités du monde politique et financier international qu'il avait alors côtoyées, faisant des pauses marquantes pour que la secrétaire du tribunal ait le temps de noter. « Cette expérience importante dans les structures économiques nationales et internationales, et mes nombreux diplômes me permettent de comprendre des arguments économiques raisonnables et adéquats », a-t-il lancé. Mais « pas cette accusation schizophrénique, cousue d'éléments absurdes qui s'annulent mutuellement », a-t-il conclu.
L'un, exagérément poli, explique la différence entre le pétrole et le saucisson. L'autre interpelle les procureurs non sans rudesse : les ex-magnats du pétrole russe Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev ont transformé hier leur procès en théâtre de l'absurde. Dans leur box de verre, l'ex-PDG du groupe Ioukos et son...

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