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Moyen Orient et Monde - Analyse

Pékin souhaite voir Washington prendre en main le dossier nord-coréen

Les inspecteurs de l'AIEA chargés de superviser le démantèlement de la centrale nucléaire de Yongbyon s'apprêtent à quitter Pyongyang.
La Chine aimerait voir les États-Unis prendre en main le dossier nord-coréen, estimaient hier des experts. La Chine, hôte des négociations à six sur l'arrêt des programmes nucléaires nord-coréens, ne détient pas la clé du dossier, son influence sur son allié étant limitée. Seul espoir désormais : que la jeune administration Obama active sa diplomatie pour parler avec le régime nord-coréen, assoiffé d'une reconnaissance des États-Unis, selon les mêmes experts. Hier, les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont abandonné le complexe nucléaire de Yongbyon, conformément à l'ordre de la Corée du Nord. Mardi, la Corée du Nord a annoncé avec fracas son retrait des négociations sur sa dénucléarisation, l'arrêt de sa coopération avec l'AIEA et la réactivation de ses installations nucléaires, après la condamnation par les membres du Conseil de sécurité - Chine y comprise - de son tir de fusée du 5 avril. « C'est un retour en arrière. Nous sommes évidemment inquiets » de cette situation, a réagi le département d'État. La Chine a exhorté Pyongyang à ne pas abandonner les négociations à six qui réunissent également les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon et la Russie.
Pour certains analystes, les chaotiques tractations, entamées depuis 2003, ne sont pas forcément mortes. « Ce sera assez difficile de reprendre les pourparlers à six rapidement. Mais, avec le temps, la chance existe », assure Cui Zhiying, à l'Université Fudan, à Shanghai. Une reprise à terme des discussions n'est pas exclue non plus pour Shen Shishun, chercheur à Pékin pour le China Institute of International Studies. « Il y a une chance, malgré l'attitude inflexible de la Corée du Nord, dit-il. Cela dépendra principalement du Japon et des États-Unis. »
Mais Pékin considère que la balle est surtout dans le camp des États-Unis. « La Chine voit la question nucléaire comme un problème entre les États-Unis et la Corée du Nord, estime Scott Bruce, au Nautilus Institute de l'Université de San Francisco. La Chine attend que les États-Unis bougent pour résoudre cette question. Elle ne réglera pas ce problème à (leur) place. » Washington dispose de moyens puissants pour faire sortir le régime nord-coréen de son isolement. « Il peut le reconnaître et mettre fin à l'État d'insécurité perpétuelle de la Corée du Nord », dit M. Bruce. « Quand la Corée dit qu'elle en a fini avec les négociations à six, elle le pense », ajoute-t-il, évoquant la nécessité pour l'administration Obama « de repartir de zéro (...) dans un autre cadre, potentiellement bilatéral avec des contacts directs entre Washington et Pyongyang ». « La Chine a le bâton, mais ne va pas l'utiliser, les États-Unis ont la carotte (...), mais ils ne savent pas comment s'y prendre », résume-t-il.
Mais les bâtons de la Chine font de moins en moins mal : Pékin ne veut pas taper trop fort sur le régime nord-coréen dont il redoute un effondrement. « La Chine a acheté la voiture et payé l'essence, mais c'est la Corée du Nord qui est au volant, explique John Feffer, de l'Institute for Policy Studies, à Washington. Et si la voiture quitte la route et se dirige vers la falaise, la Chine ne peut pas faire grand-chose à la place du passager. » « Ce que veut vraiment la Corée du Nord », dit-il, lui aussi, « c'est parler avec l'administration Obama, de préférence sans l'intermédiaire de la Chine ». « La meilleure façon de ramener la Corée du Nord à la table des négociations sera une diplomatie tranquille de Washington », estime-t-il. La Chine, de son côté, « est plus préoccupée par son économie » et le maintien d'une croissance suffisante pour limiter le chômage, dit M. Feffer. Le dossier nord-coréen « la détourne de cet objectif prioritaire ».
La Chine aimerait voir les États-Unis prendre en main le dossier nord-coréen, estimaient hier des experts. La Chine, hôte des négociations à six sur l'arrêt des programmes nucléaires nord-coréens, ne détient pas la clé du dossier, son influence sur son allié étant limitée. Seul espoir...

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