Pour certains analystes, les chaotiques tractations, entamées depuis 2003, ne sont pas forcément mortes. « Ce sera assez difficile de reprendre les pourparlers à six rapidement. Mais, avec le temps, la chance existe », assure Cui Zhiying, à l'Université Fudan, à Shanghai. Une reprise à terme des discussions n'est pas exclue non plus pour Shen Shishun, chercheur à Pékin pour le China Institute of International Studies. « Il y a une chance, malgré l'attitude inflexible de la Corée du Nord, dit-il. Cela dépendra principalement du Japon et des États-Unis. »
Mais Pékin considère que la balle est surtout dans le camp des États-Unis. « La Chine voit la question nucléaire comme un problème entre les États-Unis et la Corée du Nord, estime Scott Bruce, au Nautilus Institute de l'Université de San Francisco. La Chine attend que les États-Unis bougent pour résoudre cette question. Elle ne réglera pas ce problème à (leur) place. » Washington dispose de moyens puissants pour faire sortir le régime nord-coréen de son isolement. « Il peut le reconnaître et mettre fin à l'État d'insécurité perpétuelle de la Corée du Nord », dit M. Bruce. « Quand la Corée dit qu'elle en a fini avec les négociations à six, elle le pense », ajoute-t-il, évoquant la nécessité pour l'administration Obama « de repartir de zéro (...) dans un autre cadre, potentiellement bilatéral avec des contacts directs entre Washington et Pyongyang ». « La Chine a le bâton, mais ne va pas l'utiliser, les États-Unis ont la carotte (...), mais ils ne savent pas comment s'y prendre », résume-t-il.
Mais les bâtons de la Chine font de moins en moins mal : Pékin ne veut pas taper trop fort sur le régime nord-coréen dont il redoute un effondrement. « La Chine a acheté la voiture et payé l'essence, mais c'est la Corée du Nord qui est au volant, explique John Feffer, de l'Institute for Policy Studies, à Washington. Et si la voiture quitte la route et se dirige vers la falaise, la Chine ne peut pas faire grand-chose à la place du passager. » « Ce que veut vraiment la Corée du Nord », dit-il, lui aussi, « c'est parler avec l'administration Obama, de préférence sans l'intermédiaire de la Chine ». « La meilleure façon de ramener la Corée du Nord à la table des négociations sera une diplomatie tranquille de Washington », estime-t-il. La Chine, de son côté, « est plus préoccupée par son économie » et le maintien d'une croissance suffisante pour limiter le chômage, dit M. Feffer. Le dossier nord-coréen « la détourne de cet objectif prioritaire ».
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