Embuscade contre l’armée dans la Békaa : 4 tués et un officier blessé

"À 08h00 GMT, un véhicule de l'armée a été pris dans une embuscade tendue par des hommes armés. Quatre soldats ont été tués et un officier a été blessé", indique un communiqué militaire.

Le véhicule a été attaqué sur l'autoroute reliant la localité de Rayak à Baalbeck, la grande ville de la Békaa. L'armée n'a pas précisé le type d'armes utilisé dans l'embuscade.

Un responsable des services de sécurité avait auparavant affirmé à l'AFP que les assaillants avaient utilisé une grenade de type Energa, retrouvée près du véhicule endommagé. Selon des témoins, des hommes armés ont également mitraillé le véhicule.

L'armée a intensifié ses patrouilles le long de l'autoroute et installé des barrages à l'entrée de Baalbeck, selon le correspondant de l'AFP. Des hélicoptères militaires survolaient également la ville.

Le président de la République Michel Sleiman a demandé au chef de l'armée Jean Kahwaji d'"afficher la plus grande fermeté face aux agresseurs, quel que soit le prix à payer".

De son côté, le Premier ministre Fouad Siniora a souligné "la nécessité d'appliquer la loi à tous les citoyens et dans l'ensemble du territoire libanais", selon l'agence nationale d'information.

Le président du Parlement Nabih Berry a estimé qu'il s'agissait d'une "atteinte à la sécurité nationale", appelant dans un communiqué "les habitants de la Békaa à (...) refuser de se laisser entraîner par ceux qui y portent atteinte".

Interrogé par "L’Orient-Le Jour", Ziyad Baroud, ministre de l’Intérieur, a réaffirmé la solidarité du gouvernement avec l’armée après l’incident.
« Il est trop tôt pour commenter sur cet événement, a-t-il déclaré. J’ai des informations qui ne sont pas suffisantes pour que je puisse me prononcer. Je peux simplement dire que pour le principe, ce qui s’est passé est inacceptable, ça reflète un peu à quel point certains sont dérangés, sont gênés de l’action que l’armée est en train d’entreprendre partout dans le pays. Mais cela va consolider, d’abord, la solidarité de tout le monde, au gouvernement et sur le plan populaire, avec l’armée. Et d’un autre côté, cela va rendre l’armée encore plus déterminée à poursuivre ce qui a déjà été commencé. »

Le Hezbollah, très influent dans la région, a exprimé également sa "vive condamnation" de l'attaque et appelé à sanctionner les responsables. "Le Hezbollah insiste sur la coopération et sur la solidarité des habitants de la Békaa avec l'armée", a-t-il indiqué dans un communiqué.

À Baalbeck, des proches d'un baron de la drogue tué le 27 mars par l'armée ont tiré en l'air en signe de joie, laissant supposer que l'attaque pourrait être liée à cette affaire, selon le correspondant de l'AFP.

Ali Abbas Jaafar faisait l'objet de 172 mandats d'arrêt pour trafic de drogue, tirs sur des postes militaires, tentatives d'assassinat de soldats et de civils et possession de faux documents.

Récemment, les proches d'Ali Jaafar avaient menacé de "venger" sa mort dans des déclarations à des médias libanais.

L'armée a appelé les habitants de la Békaa à "ne pas donner refuge aux criminels".

La plaine de la Békaa est réputée fertile pour la drogue. Pendant la guerre civile de 1975-1990, le trafic de drogue était une industrie générant des milliards de dollars.

Ensuite, les cultures illégales se sont un temps effondrées sous la pression des États-Unis, avant de profiter des dernières années de l'instabilité politique dans le pays. Récemment, les opérations militaires contre les trafiquants se sont intensifiées.