Dernière mesure en date, la fermeture samedi de l'école irakienne de Bagdad, dont, selon un communiqué du ministère de l'Éducation nationale, « le système pédagogique (...) est contraire aux dispositions de l'enseignement privé » du Maroc. « Cette décision, est-il précisé, fait suite à une plainte déposée par un ressortissant irakien (...) contre la directrice » de cette école, accusée d'avoir renvoyé trois enfants « pour motif confessionnel » et de propager « un rite religieux déterminé ». En clair, l'islam chiite.
Selon le quotidien (indépendant) en langue arabe al-Jarida al-aoula, des dizaines de personnes soupçonnées de sympathie avec le chiisme ont été interpellées depuis vendredi à Tanger (Nord), Essaouira (Sud) et Ouazzane (120 km au nord de Rabat). Ce n'est pas la première fois que l'activisme chiite est visé, dans un pays dont la quasi-totalité de la population observe le rite malékite, l'école sunnite modérée de l'islam.
Dans une récente interview à l'AFP, le ministre des Affaires étrangères Taeïb Fassi Fihri avait fustigé l'activisme d'associations marocaines œuvrant à développer le chiisme avec l'appui de Téhéran. « Le Maroc ne peut pas accepter qu'on mène des actions de ce genre, directement ou indirectement, ou via de soi-disant ONG », avait-il estimé, critiquant une « atteinte aux fondamentaux » du royaume chérifien et au « ciment » du malékisme.
Mais le tour de vis des autorités marocaines ne touche pas qu'à la religion. Samedi, le ministère de l'Intérieur a exprimé sa « détermination à faire face, avec fermeté et dans le cadre des lois en vigueur, à tous les agissements, écrits et livres visant à porter atteinte aux valeurs religieuses et morales de la société marocaine ». Selon une source proche du gouvernement, le texte vise la multiplication d'articles de presse prônant une plus grande tolérance à l'égard de l'homosexualité, que les autorités jugent contraire aux valeurs de la société marocaine et de la religion musulmane. Les islamistes, notamment ceux du Parti justice et développement (PJD), ont d'ailleurs appelé l'État à agir avec fermeté. Selon la presse, une vingtaine d'homosexuels marocains auraient récemment été interpellés dans la région de Meknès (centre).
Autre exemple de « recadrage », le refus des autorités d'accorder une autorisation à l'organisation féministe française « Ni putes ni soumises » (NPNS) pour ouvrir une antenne au Maroc.
Pendant encore quelques semaines, les « valeurs morales » pourraient être observées de près. Une militante des droits de la femme, Fouzia Assouli, en est convaincue: des élections locales ont lieu en juin au Maroc, relève-t-elle, et le gouvernement ne veut pas donner aux islamistes de motifs de mobilisation.
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