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Culture - Festival al-Bustan

Éblouissant épilogue de Sokolov…

Un petit accroche-cœur dans le parcours du Festival al-Bustan. Une méchante grippe peut désaccorder l'itinéraire du plus harmonieux des duos. La preuve, le concert de Sokolov et Stott reporté après la clôture des festivités musicales de Beit-Méry...
Par temps de bourrasque et d'épaisse brume rampante à flanc de colline, les mélomanes ont répondu quand même présents à l'éblouissante prestation du jeune violoniste virtuose Valery Sokolov et de la pianiste Kathryn Stott. Avec un menu intelligemment concocté, à la portée de tous les vrais amoureux de la musique, servant des pages de Beethoven, Ravel, Schubert et Saint-Saëns.
Chemise blanche portée baba cool, pantalon noir, chaussures lustrées et cheveux blonds dorés drus sur les yeux, Valery Sokolov d'emblée conquiert l'auditoire avec son charme, sa jeunesse, sa modeste tenue de scène et son incroyable charisme dès que ses doigts effleurent l'archet. À ses côtés, pour un accompagnement et une réplique impeccables, Kathryn Stott, cheveux mi-longs séparés par une raie au milieu de la tête, avec pantalon noir sur chemisier noir piqué de paillettes étincelantes.
Ouverture en accords fougueux et lumineux à la fois avec la Sonate printemps n5 en fa majeur op 24 de Beethoven. Écrite dans un paisible cadre rural en dehors du tourbillon de Vienne, cette admirable sonate du maître de Bonn reflète les états d'âme d'un musicien tourmenté déjà par la surdité. Puissance d'une expression et d'une émotivité qui font de ces pages, exceptionnellement inspirées, un monument de beauté sonore où violon et clavier ont une correspondance et des affinités inégalées.
Pour prendre le relais la Sonate pour violon et piano de Maurice Ravel. Écrite entre 1922 et 1927, c'est une œuvre complexe, nimbée d'un impressionnisme tout en teintes nuancées.
Longue genèse d'un opus aux influences multiples aussi bien tziganes que jazzy avec des incursions du côté des pays aux horizons plus lointains... Pour Ravel, il y a, fondamentalement, incompatibilité entre piano et violon. Tout en soulignant l'indépendance de ces deux instruments, le compositeur du célèbre Boléro n'en magnifie pas moins chaque instrument. Notamment le dernier mouvement, cette partie du « perpétuum mobile », particulièrement virtuose dans sa célérité décapante et son irrépressible impétuosité. Une partie presque exclusivement réservée aux splendides prouesses du violon.
Après l'entracte, reprise avec la douceur et les clairs-obscurs de la palette schubertienne. Un Duo en G majeur pour piano et violon où, loin des influences mozartiennes ou beethoveniennes, les deux instruments dialoguent, avec de subtiles contrastes mais sans éclats rougeoyants, en toute équité, sans volonté de suprématie...

Des cadences démentielles
Pour terminer le brillant et magistral Introduction et Rondo Capriccioso de Saint-Saëns, authentique et périlleux morceau de bravoure où l'éloquence du violon atteint des cimes inégalées. Et l'on comprend puisque l'œuvre fut écrite pour le souverain coup d'archet de Pablo Sarasate, prince du violon déjà à quinze ans...
Trémolos à couper le souffle, vibrato impressionnant, cadences démentielles, mélodie ravageuse, romantisme ténébreux et lumineux à la fois, lyrisme échevelé, c'est tout cela cette capitale œuvre capitale du répertoire violonistique, suprême cadeau à tous les maîtres incontestés des cordes et de l'archet... Et bien sûr suprême cadeau aussi aux auditeurs toujours vissés à leur siège devant cette époustouflante cascade de notes qui se bousculent comme une ébouriffante, envahissante chute de Niagara...
Tonnerre d'applaudissements pour une prestation qui laisse littéralement pantois. Écouter Valery Sokolov et mourir...
L'éloge est-il trop dithyrambique ? Alors il faut aller applaudir ce prodigieux violoniste pour juger s'il y a là quelque surenchère...
Par temps de bourrasque et d'épaisse brume rampante à flanc de colline, les mélomanes ont répondu quand même présents à l'éblouissante prestation du jeune violoniste virtuose Valery Sokolov et de la pianiste Kathryn Stott. Avec un menu intelligemment concocté, à la portée de tous les vrais amoureux de la musique, servant...
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