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Près de trois ans après la guerre, le fief du Hezbollah reprend forme

Des immeubles antisismiques, des appartements modernes : dans la banlieue sud de Beyrouth, le Hezbollah a placé la barre haute pour reconstruire son bastion détruit lors de la guerre de 2006 avec Israël.

"Nous reconstruisons en nous basant sur de meilleurs critères", affirme Hassan Jechi, directeur du projet "Waad" ("promesse" en arabe) lancé pour rebâtir 241 des 282 immeubles totalement détruits, le reste étant pris en charge par les propriétaires eux-mêmes.
Deux ans et demi après la guerre dévastatrice menée par l'État hébreu contre le Hezbollah, 20 résidences modernes ont déjà été livrées tandis que les fondations de 171 autres ont vu le jour.
Le processus devrait s'achever dans près de 18 mois, prédit M. Jechi, pour un coût global de 400 millions de dollars.
Les nouveaux immeubles de six à neuf étages dans le secteur de Haret Hreik sont parfaitement alignés et les trottoirs ont été élargis, contrastant avec le dédale inextricable de bâtisses construites de manière sauvage au fil des ans.
Le tout respectant des critères d'environnement, avec en plus des stationnements et des puits artésiens autrefois inexistants.
Dans la zone dite du "périmètre de sécurité", ancien siège du secrétariat général du Hezbollah qui ressemblait il y a quelques mois au "Ground zéro" de Manhattan, des pelleteuses et bétonneuses sont en action.
Une partie va être transformée en un grand jardin public "pour permettre à la banlieue de respirer", selon M. Jechi.
Mais ce vaste chantier n'est pas sans controverse, le Hezbollah jugeant l'implication de l'État "insuffisante".
"L'État ne contribue qu'à 30% du coût total", indique M. Jechi.
Mais, selon la Caisse centrale des déplacés, rattachée au Conseil des ministres, ce dernier ne s'est jamais engagé à reconstruire la banlieue, considérée par les adversaires du Hezbollah comme un "mini-État".
"L'État offre des compensations qui tiennent compte de l'état des immeubles avant leur destruction, alors que le Hezbollah a mis un plan avec des critères différents et donc plus coûteux", explique Fadi Aramouni, président de la Caisse.
Le gouvernement a payé jusqu'à présent près de 50% des montants sur lesquels il s'est engagé, soit l'équivalent de plus de 100 millions de dollars.
Hormis l'apport de l'État, qui bénéficie de l'aide des pays arabes, et les contributions individuelles, la reconstruction est donc financée par le Hezbollah, qui reste évasif sur l'origine de ses fonds.
L'Iran est généralement considéré comme le principal soutien financier du parti de Dieu.
La population, elle, se félicite du résultat.
"Que Dieu protège Nasrallah. Il a tenu sa promesse", lance Salam Hassoun, 55 ans, dans son nouvel appartement à Haret Hreik.
Parallèlement, une institution du Hezbollah, "Jihad al Bina" (combat pour la reconstruction), avait rénové 951 immeubles endommagés.
Pour les observateurs, le projet de reconstruction a donné au Hezbollah une nouvelle occasion de rivaliser avec l'État.
"Il est puissant et a assez de ressources (...). C'est normal qu'il se charge de la reconstruction", explique Ahmad Baalbaki, professeur et chercheur en sociologie.
"Le Hezbollah est certainement bénéficiaire car ce chantier lui permet de gagner davantage la loyauté des gens", souligne-t-il, faisant remarquer l'absence de l'État pendant des décennies dans la banlieue.
"Nous reconstruisons en nous basant sur de meilleurs critères", affirme Hassan Jechi, directeur du projet "Waad" ("promesse" en arabe) lancé pour rebâtir 241 des 282 immeubles totalement détruits, le reste étant pris en charge par les propriétaires eux-mêmes.Deux ans et demi après la guerre dévastatrice menée par...