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Culture - Festival al-Bustan

Jad et Julian Azkoul : dialogue de cordes complices

Jad et Julian Azkoul forment un duo père/fils d'une belle complicité. Pas seulement musicale, semble-t-il ! Ce soir, à l'église Mar Saba de Kfarhay, ils feront dialoguer les cordes de leurs guitare et violon, dans un programme qui, en dépit du choix du lieu, n'a rien de religieux*.
Au bout d'une longue route en lacet qui serpente dans l'arrière-pays de Batroun apparaît, dans la nuit étoilée, la petite église de Kfarhay dédiée à Mar Saba**. D'architecture cubique, en pierre de taille ancienne, sa façade ceinturée de bougies, elle se dresse, à l'ombre d'un arbre centenaire, au centre de la typique place du village, où un « saj » de « manakiches » a été aménagé pour l'occasion. Le lieu est charmant et romantique à souhait. Et en cela, il s'accorde parfaitement au répertoire choisi par le guitariste Jad Azkoul et son fils, violoniste, Julian. Un mélange très varié d'œuvres allant de Paganini à Villa-Lobos, en passant par Massenet, Mario Castelnuovo-Tedesco, mais encore Astor Piazzolla.
On l'aura deviné, il ne s'agit pas de musique sacrée et, même installés devant l'autel, dans cette église éclairée à la seule lueur des bougies et des cierges, les deux musiciens n'hésiteront pas à interpréter des pièces galantes (comme cette Sonate pour violon et guitare n° 6 en mi mineur Op.3) composées par Paganini « pour séduire dans les salons », comme le signale Julian, ou encore à jouer un morceau intitulé Bordel tiré de la fameuse Histoire du tango, la seule composition pour violon et guitare d'Astor Piazzolla.
Mais la musique, on le sait, transcende tous les tabous. Et celle de ce duo père et fils est d'une belle élégance. Qu'elle revête les atours du classicisme « paganinien », du néoclassicisme de Mario Castelnuovo-Tedesco (Sonate pour flûte et guitare op.205 adaptée en violon et guitare), de la nostalgie romantique de la Bachiana n° 5 d'Heitor Villa-Lobos, du lyrisme de la Méditation de Thaïs de Massenet ou encore de la sensualité sophistiquée du maître du Nouveau Tango...
Entre Jad, le guitariste confirmé, et Julian, le violoniste au talent prometteur, on perçoit une harmonieuse communion (pour utiliser un terme adapté à l'endroit), qui se reflète autant dans la simplicité de leur attitude que dans leur interprétation. Certes, le son pur du violon prend le dessus sur le timbre plus faible de la guitare, mais c'est cette dernière qui, jouant de toute sa palette de nuances, va lui offrir le support d'une naturelle virtuosité.

De la psychologie  à la musique
Et du brio, il en faut particulièrement dans les compositions de Paganini, violoniste hors pair - le violon du Diable est l'expression consacrée pour décrire son art - qui fut l'un des premiers musiciens à composer des œuvres pour violon et guitare. Paganini qui affirmait : « Je suis maître du violon, mais la guitare est ma maîtresse », ne manque pas de rappeler Jad Azkoul, visiblement lui aussi épris de cet instrument pour lequel il a abandonné une carrière de psychologue, après avoir décroché sa maîtrise à l'AUB. Quelques années - et un passage par le Berkeley College of Music de Boston - plus tard, il obtiendra à Paris, en tant que boursier du gouvernement français, une maîtrise, en musique cette fois. Ancien élève d'Abel Carlevaro, qu'il a suivi durant quelques années en Uruguay, mais aussi de Pierre Petit et Nadia Boulanger (en composition, analyse et orchestration), Jad Azkoul est aujourd'hui installé à Genève où il enseigne, joue en concert de chambre et en soliste, et se produit dans de prestigieuses salles autour du monde (dont les Wigmore Hall, à Londres, et Tchaïkovski Hall, à Moscou). Il s'était également produit il y a exactement dix ans dans le cadre du Festival al-Bustan. Guitariste reconnu à l'étranger, il a obtenu en 1984 le Affiliate Artists Award à New York et, en 1988, le président libanais lui décerne l'Ordre national du Cèdre.
Julian, qui suit ses traces, l'archet en plus, est quant à lui encore en formation au King's College, Cambridge University. Après avoir décroché une bourse d'études d'un an aux États-Unis sous la férule du violoniste Stephane Tran Ngoc, il travaille actuellement son violon avec Ofer Falk, professeur à la Guildhall School of Music de Londres. Jeune talent prometteur, fondateur du Halcyon Quartet, il a remporté, en 2006, le prix du jeune violoniste de Genève et, l'année suivante, le titre d'artiste de la ville de Genève.

* Ce soir, 19h00, même programme, église Mar Saba, à Kfarhay, dans l'arrière-pays de Batroun (direction Bejderfel). Informations aux 04/972980-1-2.
** Il est conseillé de quitter Beyrouth à 17h30.
Au bout d'une longue route en lacet qui serpente dans l'arrière-pays de Batroun apparaît, dans la nuit étoilée, la petite église de Kfarhay dédiée à Mar Saba**. D'architecture cubique, en pierre de taille ancienne, sa façade ceinturée de bougies, elle se dresse, à l'ombre d'un arbre centenaire, au centre de la...

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