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Moyen Orient et Monde - Le point

Désunion sacrée

Tout le monde, en Israël mais aussi dans nombre d'autres pays, est convaincu que l'homme désigné pour former un nouveau gouvernement n'a rien d'une colombe tenant dans son bec un rameau d'olivier. Le contraire serait plutôt vrai au vu de son palmarès passé et de ses prises de position durant la campagne électorale. Le problème, c'est que l'intéressé lui-même tente depuis deux semaines de se poser en pragmatique tendance conciliant. Avec, à l'appui, une anecdote qu'il se plaît à raconter ces jours-ci. Lors de leur rencontre, l'été dernier à Jérusalem, le candidat à la présidence américaine Barack Obama lui aurait confié : vous et moi, nous nous ressemblons ; je suis un homme de gauche passé au centre et vous êtes un homme de droite qui s'en est rapproché. Si non è vero è ben trovato, dirait un Italien. Mais, d'un autre côté, comment croire qu'une girouette politique n'obéit pas à la direction du vent ?...
Feignons donc de croire Benjamin Netanyahu lorsqu'il affirme avoir changé. Celui dont le raïs égyptien n'évoque pas le nom sans lui accoler le sobriquet peu flatteur de « menteur » s'apprête, maintenant que Tzipi Livni et Ehud Barak lui ont claqué la porte au nez, à tenter le grand écart. Il lui faut bloquer les pourparlers de paix avec les Palestiniens tout en évitant de mécontenter la nouvelle administration US ; s'attacher les services d'un Avigdor Lieberman sans pour autant lui céder sur toute la ligne ; nommer des ministres issus de la puissante nébuleuse religieuse et aussi d'autres formations réclamant notamment l'instauration du mariage civil et la réduction du pouvoir des rabbins ; tenter de naviguer dans la tempête économique alors que l'opposition l'attend à la première défaillance pour rameuter contre lui l'opinion publique. Ou encore passer aux yeux de ses concitoyens, et du monde, pour un « Monsieur Propre » quand tout un chacun sait qu'à plusieurs reprises il est passé sur le gril policier et que le leader d'Israël Beiteinou, le dernier en date de ses alliés, risque à tout moment d'être inculpé par la justice pour de menues peccadilles dont la plus innocente est représentée par une foultitude d'affaires de blanchiment d'argent. Sans parler de sa troisième épouse, cupide comme une starlette et capable de violences sur son personnel de maison. Cruel, Le Canard enchaîné rappelait, il y a peu, le terrible jugement porté sur le couple par la veuve de Yitzhak Rabin, Leah : « Bibi et Sarah, c'est le crime et son châtiment. »
Vous verrez, affirment néanmoins ses partisans, il se tirera d'affaire(s). Voire.
Pour l'heure, nul ne cherche à exhumer les innombrables histoires d'un passé encore proche même si son slalom politique a quelque chose de fascinant. A vouloir systématiquement noircir le tableau quand on a été relégué, durant la décennie de la traversée du désert, dans les rangs de l'opposition, on finit par se tailler une enviable réputation de prophète (de malheurs). En 2005, se souvient-on, il s'était opposé au retrait de Gaza, prédisant que cela pousserait le Hamas à lancer ses katyoushas en direction de l'État hébreu. Bien visé, sans mauvais jeu de mots, reconnaissent maintenant ses adversaires. Voir, par contre, dans le programme nucléaire iranien le plus grave danger qui menace la patrie, c'est pousser le bouchon un peu loin, au risque de perturber les délicates manœuvres d'approche esquissées par Washington et Téhéran. Mais aussi il serait bien difficile d'empêcher Tel-Aviv de s'inventer régulièrement des ennemis. C'était « Osirak » avant-hier, l'armée irakienne hier (« la cinquième du monde », hurlaient alors, avec les Israéliens, les visionnaires du Pentagone), et aujourd'hui ce Mahmoud Ahmadinejad qui, il faut bien le reconnaître, ne rate pas une occasion de jouer les terreurs.
La Constitution accorde au Premier ministre désigné un délai de quarante-deux jours au total pour mettre sur pied son équipe. La partie engagée le 20 février est donc appelée à se poursuivre jusqu'au 3 avril, le Likoud et le tandem Kadima-travailliste conscients tous deux qu'il leur est difficile de se passer de l'autre camp s'ils veulent préserver le dialogue avec un front Autorité palestinienne-Hamas reconstitué, limiter la montée du chômage, enfin préserver le semblant de rapports entretenus avec l'Égypte et la Jordanie. Mission quasi impossible pour l'équipe Livni-Barak seule, et encore moins pour la paire Netanyahu-Lieberman. Voilà pourquoi le bras de fer continue, dans le vain espoir de voir l'autre céder. A tout le moins de voir la bonne volonté prévaloir et avec elle apparaître des idées constructives, comme le soulignait en ce début de semaine le numéro deux du Likoud, Guidéon Saar.
Plus prosaïquement, ne s'agirait-il pas plutôt d'attendre la venue, le 3 mars, de Hillary Clinton ?
Tout le monde, en Israël mais aussi dans nombre d'autres pays, est convaincu que l'homme désigné pour former un nouveau gouvernement n'a rien d'une colombe tenant dans son bec un rameau d'olivier. Le contraire serait plutôt vrai au vu de son palmarès passé et de ses prises de position durant la campagne électorale. Le problème, c'est...

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