Selon les autorités, plusieurs coups de feu ont été tirés au cours de la nuit par des manifestants, blessant légèrement six membres des forces de l'ordre. Des magasins ont été pillés à Pointe-à-Pitre, principale agglomération, et dans d'autres localités, et des barrages érigés dans les rues désertées par les habitants. Trois policiers ont été légèrement blessés par des tirs d'armes à feu dans une cité de Pointe-à-Pitre, alors qu'ils accompagnaient des pompiers venus porter secours au syndicaliste. À Baie-Mahault (à 10 km de Pointe-à-Pitre), des jeunes armés de fusils à pompe ont tiré à balles réelles en direction des forces de l'ordre et trois gendarmes ont été légèrement blessés, tandis que trois jeunes ont été interpellés, selon le maire de la ville.
Face à cette flambée de violences, le Premier ministre, François Fillon, a appelé « à la responsabilité de tous les acteurs pour que cesse cette violence qui traumatise toute la Guadeloupe ». Le « Collectif contre l'exploitation » (LKP), fer de lance de la grève générale, et le gouvernement ont lancé des « appels au calme ». « Ne mettez pas votre vie en danger, ne mettez pas la vie des autres en danger », a demandé le leader charismatique du LKP, Élie Domota, en créole, sur la radio RCI. Mais il a qualifié de « provocation » les actions des forces de l'ordre, qui, selon lui, ont proféré des insultes racistes. Un peu plus tard, il a accusé le gouvernement d'avoir laissé pourrir la situation et de considérer la Guadeloupe comme une « colonie » traitée avec « mépris ». Le secrétaire d'État à l'Outre-Mer, Yves Jégo, a appelé « à la trêve et la reprise des négociations ». Il a également envisagé un accord salarial en « fin de semaine », assurant que « les médiateurs travaillent en coulisses ». « La place des uns et des autres est davantage autour de la table que sur les barricades », a estimé le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.
Le LKP, qui réclame une hausse de 200 euros des bas salaires, accuse le gouvernement d'être revenu sur un engagement à compenser, par des baisses de charges, cette augmentation salariale. La grève a cristallisé un profond malaise économique et social, mais aussi des tensions entre la minorité blanche et la population noire, sur un fond historique marqué par l'esclavage. Plusieurs magasins et entreprises appartenant à des familles blanches, les « békés » (descendants de colons), ont notamment été pillés.
Le président Nicolas Sarkozy, longtemps resté silencieux, doit recevoir aujourd'hui à Paris des élus de Guadeloupe et de Martinique. La dirigeante du Parti socialiste, Martine Aubry, a exhorté hier le chef de l'État à « s'intéresser » aux départements d'outre-mer. « Depuis deux ans, on ne s'est pas occupé des départements d'outre-mer (...) L'État n'a pas rempli son rôle de contrôle des prix », a-t-elle déclaré. Le conflit en Guadeloupe, mais aussi en Martinique, l'autre île française touchée par la grève depuis le 5 février, a pour première cause la cherté de la vie, alors que le taux de chômage est le plus élevé de l'Union européenne et le PIB par tête deux fois inférieur à la métropole.
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