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Liban - Éclairage

L’enjeu des élections : la liberté pour les uns, le pouvoir pour leurs vis-à-vis

Référendum. Le vocable n'est pas très approprié. Mais il dit bien ce que le majoritaire qui en use veut signifier. À savoir que les prochaines législatives, leurs résultats plutôt, diront au monde, à l'image de l'image de samedi dernier place de la Liberté, que le peuple libanais ne cédera pas. Qu'il ne compte pas laisser balayer les acquis vitaux de la révolution du Cèdre, ces hautes valeurs d'indépendance, de souveraineté, de justice, de démocratie qui constituent les fondements du programme du 14 Mars.
L'objectif, en face, c'est de décrocher la majorité des sièges à la Chambre. Pour disposer du pouvoir. Et imposer de la sorte au pays un statut, un destin de résistant armé face à l'ennemi sioniste. Mais aussi face aux systèmes politiques libéraux qui ne cultiveraient ni le modèle iranien théocratique ni le modèle totalitaire syrien.
Samedi dernier constitue en soi un sondage d'opinion assez convaincant. Mais les prosyriens savent en réalité à quoi s'en tenir depuis assez longtemps. Depuis, disons que malgré, ou à cause, d'une certaine visite à Damas, il apparaît que le pilier, qui chez eux fait nécessairement la différence en nombre de sièges à la Chambre, perd du terrain. Et des alliés.
Partant de là, tout en continuant à ferrailler à toutes fins utiles, les prosyriens se démènent en coulisses pour tenter de conclure un bazar avec les loyalistes. En leur proposant que le vainqueur, quel qu'il soit, concède à son adversaire la participation et le tiers de blocage au sein du gouvernement post-électoral. Un marché de dupes conduisant à l'effritement, par paralysie préprogrammée, de l'État de droit.
La ficelle est trop grosse pour que les souverainistes s'y laissent prendre. Ils répondent quatre non qui se complètent. D'abord que, pour leur part, ils ne comptent pas participer à un gouvernement prosyrien dont la déclaration ministérielle, le programme, serait forcément contraire à leurs convictions nationales.
Ensuite que si participation il devait quand même y avoir, cela devrait être nécessairement sans ce tiers de blocage qui grippe la machine.
Puis, qu'en mettant tous les œufs dans un même panier, le porteur n'aurait plus de comptes à rendre à personne et le rôle de censeur dévolu à la Chambre serait aboli.
Enfin, que le régime parlementaire démocratique n'autorise un cabinet intégrant l'opposition qu'en cas de force majeure. En temps de guerre, par exemple. Ou comme actuellement, après Doha, l'urgence étant qu'il fallait sortir d'une crise mortelle.
Les majoritaires rejettent donc fermement la proposition avancée lundi par Hassan Nasrallah. En rajoutant cette mise en garde : une fois son choix déclaré à travers le prochain scrutin, le peuple souverain du Liban ne comprendrait pas que l'opposition exclue du pouvoir recoure de nouveau à des moyens violents et/ou illégaux. Comme les incidents, les agressions, les invasions, la fermeture du Parlement, les routes coupées, les institutions attaquées et l'occupation du centre-ville.
Par ailleurs, les loyalistes soulignent que les trouvailles paraconstitutionnelles des prosyriens en matière de participation et de tiers de blocage reviennent à enterrer Taëf. Pour aller vers ce système de partage modifié que les hezbollahis préconisent depuis belle lurette : deux tiers aux musulmans, un tiers aux chrétiens. Avec en vue, sans doute, une évolution passant par l'exclusion des chrétiens pour aboutir à deux tiers aux chiites, un tiers aux sunnites.
Puisque l'on parle de Taëf, des législateurs qui y avaient participé précisent, au sujet du tiers ministériel, qu'on l'y avait considéré comme devant constituer le fléau de la balance, aux fins d'équilibre, et non comme un levier de blocage. Dès lors, rappellent-ils, ce tiers devait être octroyé au président de la République. Pour compenser la perte de ses prérogatives fondamentales, dont l'exercice du pouvoir exécutif. Et pour qu'il puisse jouer un rôle d'arbitre.
On ne s'en étonnera pas : l'auteur véritable de cet arrangement, resté verbal, était alors le Syrien. Car il avait la haute main sur le régime libanais, au double sens du terme. Et c'est ainsi que dans le gouvernement Siniora précédent, Émile Lahoud disposait au départ d'un tiers des portefeuilles. Sauf que nombre de ses ministres lui ont fait faux bond, lorsque la crise a éclaté. Et Élias Murr, Charles Rizk et Tarek Mitri, sauvant ainsi le cabinet, ont refusé de claquer la porte comme Mohammad Fneich, Mohammad Jawad Khalifé, Faouzi Salloukh ou Yaacoub Sarraf.
Référendum. Le vocable n'est pas très approprié. Mais il dit bien ce que le majoritaire qui en use veut signifier. À savoir que les prochaines législatives, leurs résultats plutôt, diront au monde, à l'image de l'image de samedi dernier place de la Liberté, que le peuple libanais ne cédera pas. Qu'il ne compte pas laisser...
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