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Entretien avec Ziyad Baroud, ministre de l’Intérieur « Il faut que le Liban respecte ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme »

Q- L’homosexualité est-elle un sujet tabou, aujourd’hui, pour un ministre de l’Intérieur libanais ? R- Non, je n’ai pas de sujets tabous. Quand je m’exprime, que ce soit en tant que ministre ou qu’ancien activiste – je dirais même en tant qu’activiste –, je le fais en toute liberté et en toute franchise. Il s’agit de se poser les bonnes questions et d’y répondre. Q- Comment réagissez-vous à l’affaire de la place Sassine, où deux hommes ont été agressés par des agents de sécurité, jeudi dernier, pour avoir été surpris « ensemble » dans un immeuble désaffecté ? R- Je ne peux pas faire de commentaires, car l’enquête, si elle a lieu, n’est pas du ressort de mon ministère – sans compter le secret qui y est lié, de toute façon. J’ai appris la nouvelle en lisant L’Orient-Le Jour, et j’ai effectué ma petite enquête personnelle. Je pense qu’il faut aborder la question avec beaucoup de calme, de manière scientifique. Aujourd’hui, la société favorise une approche culturelle. Le problème, à Sassine, c’est la façon avec laquelle les forces de l’ordre ont géré la situation. L’humiliation ne fait certainement pas partie de l’incrimination prévue par la loi. Quoi qu’il en soit, c’est le parquet qui peut se charger du dossier. Q- En tant que ministre de l’Intérieur, approuvez-vous l’application de l’article 534 du code pénal ? R- Le problème de cet article est qu’il est imprécis, et laisse la décision à la discrétion du juge. Néanmoins, la loi est là, il faut la respecter quoi qu’on en pense. L’incrimination de l’homosexualité relève d’un choix législatif que fait le Parlement. Q- Dans ce cas, la loi doit-elle changer, à votre avis ? R- Ah oui, bien sûr. Il est grand temps que le code pénal soit revu et refondu. Il faut que le Liban respecte ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme. Je suis favorable à l’amendement de la loi – à condition toutefois de garder un minimum de garanties, notamment en ce qui concerne l’atteinte aux bonnes mœurs. Il y a une grande différence entre celle-ci et l’incrimination de l’homosexualité. Par exemple, on ne pourra pas avoir de Gay Pride à Beyrouth, du jour au lendemain. La dépénalisation serait une première étape : il faut faire les choses graduellement. Q- Êtes-vous optimiste quant à l’évolution prochaine de la loi ? R- Non, je ne suis pas optimiste, car les mentalités ont d’abord besoin d’être apaisées. Nos choix législatifs sont toujours folkloriques ; ils reposent sur des résidus culturels. Au Liban, personne ne va dire que cette loi est injuste, car l’homosexualité est un sujet tabou. Souvent, les hétérosexuels vont hésiter à défendre l’homosexualité de peur d’être étiquetés comme gays. Il est pourtant temps de comprendre que ce n’est pas une pathologie ! Q- Soutenez-vous l’action d’associations telles que Helem, qui défendent les droits des homosexuels ? R- En tant que ministre de l’Intérieur, je ne peux évidemment pas soutenir l’une ou l’autre des associations que nous recensons – il y en a un millier. Mais je suis pour la liberté des associations. C’est la raison pour laquelle j’ai adopté un système qui facilite leur création, à condition bien sûr qu’elles respectent la loi.
Q- L’homosexualité est-elle un sujet tabou, aujourd’hui, pour un ministre de l’Intérieur libanais ?
R- Non, je n’ai pas de sujets tabous. Quand je m’exprime, que ce soit en tant que ministre ou qu’ancien activiste – je dirais même en tant qu’activiste –, je le fais en toute liberté et en toute franchise. Il s’agit de se poser les bonnes questions et d’y...