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Actualités - REPORTAGE

Bilan Sarkozy a imposé un mandat de crise, mais à la postérité incertaine

L’arrivée à la tête de l’UE de la République tchèque a relancé, en particulier en France, les craintes de voir le dynamisme européen retomber. La France achève sa présidence de l’Union européenne sur de nombreux éloges pour sa réactivité face aux crises, avec une question en suspens : le président Nicolas Sarkozy a-t-il modifié durablement l’exercice de la présidence européenne, ou simplement exprimé son style personnel ? Le conflit russo-géorgien en août et la tempête financière qui a éclaté quelques semaines plus tard ont donné un relief imprévu à cette présidence, dont l’agenda partait plombé par le « non » irlandais au traité de Lisbonne. Les voyages éclair de M. Sarkozy à Moscou et Tbilissi ont imposé l’Union européenne comme acteur diplomatique dans une crise majeure, au moment où les États-Unis, en pleine campagne électorale, sont apparus en retrait. Face à la crise financière, M. Sarkozy est parvenu à concrétiser son projet de réunion du G20, pourtant accueilli avec réserve par Washington, et surtout à rassembler l’UE autour d’un plan de sauvetage du secteur bancaire d’inspiration britannique. Face à la récession, la coordination des mesures de relance économique a été beaucoup plus hésitante. La chancelière allemande Angela Merkel, pourtant souvent réservée à l’égard des initiatives de M. Sarkozy, a rendu hommage à sa présidence européenne. « La France a bien dirigé la barque européenne dans des eaux difficiles », a-t-elle déclaré devant le Bundestag. Le vice-Premier ministre tchèque Alexandre Vondra a lui aussi salué dans l’action de M. Sarkozy « un excellent exemple d’énergie au service d’une réponse européenne commune », en particulier en Géorgie. Mais derrière les éloges, pointe la question de la postérité de la méthode européenne de l’hyperactif président français, soucieux de mettre la politique au centre de l’Europe, au risque de délaisser ses institutions et politiques communes au profit des États. Pour Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’État aux Affaires européennes, « les choses seront difficilement comme elles ont pu l’être auparavant en Europe. On a vu le pragmatisme et le réalisme l’emporter sur les tables de la loi. Tout cela ne sera pas sans conséquences sur l’interprétation des grand textes, des traités européens », assure-t-il. Jean-Dominique Giuliani estime, pour sa part, dans la lettre de la Fondation Robert-Schumann qu’il préside, que M. Sarkozy a « révélé une pratique nouvelle des institutions européennes », même si son style « efficace » a « surpris, agacé, dérangé ». L’arrivée à la tête de l’UE de la République tchèque, non membre de la zone euro et présidée par le très eurosceptique Vaclav Klaus, a relancé, en particulier en France, les craintes de voir le dynamisme européen retomber. « Le défi est simple : en 2009, soit nous arrivons à poursuivre sur la voie d’une Europe politique, soit nous retombons dans les errements d’une Europe technique », a estimé le successeur de M. Jouyet, Bruno Le Maire. D’autres mettent en exergue la conjonction exceptionnelle des crises géorgienne et financière et du tempérament de M. Sarkozy, pour souligner que cela ne peut constituer en soi un modèle de gouvernance transposable. « Nicolas Sarkozy a un caractère adapté aux crises et d’une certaine manière cela a été très bon pour l’Europe. L’Europe avait besoin de plus de leadership, il l’a apporté, c’est très bien », estime Sylvie Goulard, présidente du mouvement Européen-France. « Mais penser que cela pourrait être un modèle est un peu absurde. On ne peut pas imaginer de projeter cela comme un modèle unique de gestion européenne. Ce n’est pas un modèle durable d’action collective », ajoute-t-elle.
L’arrivée à la tête de l’UE de la République tchèque a relancé, en particulier en France, les craintes de voir le dynamisme européen retomber.
La France achève sa présidence de l’Union européenne sur de nombreux éloges pour sa réactivité face aux crises, avec une question en suspens : le président Nicolas Sarkozy a-t-il modifié durablement l’exercice de la...