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Litige Le champ gazier au large de Haïfa, un enjeu territorial et économique pour le Liban Bachir EL-KHOURY

La découverte d’un gisement de gaz à 90 km au large d’Israël a soulevé de nombreuses interrogations au Liban quant à sa probable appartenance aux eaux territoriales libanaises. L’enjeu économique est de taille. L’annonce, faite en début de semaine, de la découverte d’un important champ gazier au large de Haïfa dans le nord d’Israël continue de susciter des remous dans les milieux libanais, l’affaire revêtant un double volet territorial et économique. Certaines voix se sont en effet élevées pour démentir les informations provenant de l’autre coté de la frontière, faisant état de l’existence du champ dans les eaux territoriales israéliennes. Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, le député Mohammad Kabbani, président de la commission parlementaire des Travaux publics, de l’Énergie et de l’Eau, a ainsi souligné qu’« il existe de fortes probabilités que ce champ soit situé dans la zone économique exclusive du Liban ». Ce gisement, qui se situe selon Isramco (la société ayant découvert le champ) à 90 km au large de Haïfa, ne peut en tout cas être considéré comme faisant partie des eaux territoriales israéliennes, estiment les experts. « Selon l’article 3 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, la largeur des eaux territoriales d’un État ne peut dépasser 12 miles, ce qui équivaut à moins de 20 kilomètres », a ainsi indiqué à L’Orient-Le Jour Chafic Masri, docteur en droit international à l’Université américaine de Beyrouth (AUB). S’il est incontestable que ce champ existe en dehors de l’espace territorial israélien, il peut en revanche être situé dans la zone économique exclusive (ZEE) de l’État hébreu. Selon l’article 57 de la convention internationale relative au droit maritime, la ZEE est définie comme étant l’espace maritime d’un État côtier qui s’étend jusqu’à 200 miles (370,4 km) des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de ses eaux territoriales. Dans cette zone, l’État côtier dispose de tous les droits souverains aux fins d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles. La question est donc de savoir si ce champ se situe dans la ZEE israélienne ou libanaise ou encore à la limite entre ces des deux zones. Pour éviter toute controverse, il faudra que le Liban commence déjà par délimiter ses frontières maritimes avec Israël. « C’est pourquoi nous avons décidé au sein de la commission de travailler étroitement avec le gouvernement pour que l’étendue de la ZEE du Liban soit définie et enregistrée auprès des Nations unies, a souligné Kabbani, qui a révélé, en outre, que « l’État libanais se prépare déjà à envoyer une lettre à la compagnie pétrolière américaine Noble Energy (qui détient 36 % de Isramco), pour la mettre en garde contre toute éventuelle incursion dans l’espace maritime libanais ». Il va donc sans dire que la délimitation des frontières s’impose dans les plus brefs délais. Elle sert non seulement à prévenir une éventuelle violation de la souveraineté libanaise, mais à préciser également les droits du Liban à explorer au moins une partie de ces ressources naturelles. Car l’enjeu est aussi et surtout économique. Selon un communiqué d’Isramco, la production du gisement est estimée à plus de 15 milliards de dollars, ce qui permettrait de réduire de 20 % les dépenses en matière d’énergie d’Israël. Pour le Liban, qui importe 96 % de ses besoins en énergie et croule sous une facture pétrolière ayant dépassé trois milliards de dollars en 2007, l’exploitation, ne serait-ce que partielle de ce gisement, constitue ainsi une vraie aubaine. Cette découverte devrait en tout cas stimuler davantage le gouvernement libanais à se lancer dans une vaste opération de sondages sismiques pour déterminer l’existence ou pas d’autres gisements d’hydrocarbures exploitables au large du littoral au Sud du pays. Quant à l’étape suivante, celle de la prospection (qui ne devrait pas tarder, des traces d’hydrocarbures ayant déjà été détectées au Nord du pays), elle attend toujours la mise en place d’un cadre légal, indispensable au lancement d’appels d’offres… Le Liban a donc plus que jamais intérêt à se précipiter à ce niveau afin d’exploiter ses richesses naturelles et éviter qu’elles ne soient encore une fois détournées par ses voisins.
La découverte d’un gisement de gaz à 90 km au large d’Israël a soulevé de nombreuses interrogations au Liban quant à sa probable appartenance aux eaux territoriales libanaises. L’enjeu économique est de taille.
L’annonce, faite en début de semaine, de la découverte d’un important champ gazier au large de Haïfa dans le nord d’Israël continue de susciter des remous...