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Actualités - CHRONOLOGIE

Exposition Le nu (dé)voilé

Maya GHANDOUR HERT Les « Femmes en noir »* de Shayma Aziz sont, en fait, des nus habillés à l’encre de Chine. Vingt et une toiles se (dé)voilent au Zico House, jusqu’au 24 janvier. Shayma Aziz est une jeune Égyptienne née à Aswan pour qui l’œuvre d’art la plus digne en ce bas monde est un arbre. C’est pourtant des femmes qu’elle expose au Zico House. C’est la deuxième fois qu’elle expose ses œuvres au Liban, ayant participé au symposium d’Ehden en 2004. Le fait de se trouver devant une toile la rend complètement heureuse. «L’art possède sans doute des effets thérapeutiques», fait-elle remarquer. Elle retransmet sur ses toiles ses expériences personnelles, en des traits gracieux, des couleurs et des compositions très simples. Elle s’interroge sur tout ce qui l’entoure, cherche des réponses et des significations, défriche les clichés et, par-dessus tout, cultive les contrastes. Les lignes sont simplifiées, les dessins sont naïfs et enfantins, les couleurs minimalistes, les compositions expriment «des êtres avec lesquels j’aimerais communiquer mais n’arrive pas à le faire». Mais elle aime bien aussi changer constamment sa façon de s’exprimer artistiquement. C’est pour cela qu’à chaque exposition ou cycle de peinture, elle montre des œuvres différentes, qui ne se ressemblent pas. Le langage et le matériel changent selon les visages, les corps et les villes. Un fil conducteur, cependant, relie son parcours artistique. Il s’agit du silence. Son travail en général questionne la relation entre les humains et les objets. Et la manière dont ils se reflètent l’un dans l’autre. Son inspiration? Une société aux paradoxes très complexes. Des visages chaleureux mais silencieux, des corps en mouvement mais immobiles. Le titre de l’expo ne va pas sans nous rappeler Les femmes en noir, cette «association» née en Israël il y a une vingtaine d’années. La forme de résistance qu’elles ont adoptée s’est inspirée d’autres formes de luttes, celles des femmes sud-africaines contre l’apartheid, des mères et des grands-mères de la place de Mai qui, chaque semaine, en Argentine, manifestent pour leurs enfants et petits-enfants disparus. Vingt ans qu’elles sont là chaque semaine, silencieuses, vêtues de noir pour dire non à l’occupation israélienne, 20 ans de résistance opiniâtre, à l’écart des jeux politiques et pourtant au cœur du politique. Elles ont essuyé injures et mépris de la part d’une société qui refusait de se voir telle qu’elle est, elles se sont obstinées en un lieu où le verbe se fait chair, là où les mots semblent souvent dérisoires. Alors, les «Femmes en noir» de Chayma Aziz sont-elles là en guise de solidarité avec les femmes en noir israéliennes et palestiniennes, pour protester contre la guerre, les conflits armés entre les peuples, le militarisme, la production et le commerce des armes, le racisme et toute forme de violence injuste? * Rue Spears, de 16h00 à 20h00, sauf le dimanche.
Maya GHANDOUR HERT


Les « Femmes en noir »* de Shayma Aziz sont, en fait, des nus habillés à l’encre de Chine. Vingt et une toiles se (dé)voilent au Zico House, jusqu’au 24 janvier.
Shayma Aziz est une jeune Égyptienne née à Aswan pour qui l’œuvre d’art la plus digne en ce bas monde est un arbre. C’est pourtant des femmes qu’elle expose au Zico House....