Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Éclairage Un scandale de fraude comptable ébranle le capitalisme indien

Le scandale de fraude comptable qui frappe le groupe informatique indien Satyam ébranle le modèle capitaliste de l’Inde, qui redoute que sa réputation auprès des investisseurs internationaux en soit durablement écornée. Le géant asiatique est aux prises avec son « affaire Enron » depuis que le fondateur et président du quatrième groupe local de logiciels et de services informatiques a admis la semaine dernière une escroquerie de plus d’un milliard de dollars dans ses comptes. En démissionnant le 7 janvier, B. Ramalinga Raju a révélé avoir falsifié les bilans de Satyam et fait artificiellement gonfler les bénéfices sur plusieurs exercices. Il est en détention provisoire jusqu’au 23 janvier et encourt plusieurs années de prison. La déconfiture d’un fleuron de l’informatique, qui a fait la renommée internationale de l’Inde, « a gravement sali la réputation des entreprises indiennes aux yeux du monde », a déploré le gouvernement en nommant d’urgence trois dirigeants à la tête de la société basée à Hyderabad (Sud) et cotée à Bombay et à New York. De fait, le plus grand scandale du capitalisme d’entreprise en Inde est « un événement d’une magnitude effrayante et le premier du genre », s’est alarmé C.B. Bhave, président du gendarme des Bourses d’Inde (SEBI). Une saga « noire et honteuse qui aura un impact sur l’“India Incorporated” », c’est-à-dire ce fameux modèle capitaliste du « miracle » indien bâti sur des groupes familiaux, comme les conglomérats Tata, Reliance ou Bharti, et qui s’affichait comme étant bien moins opaque qu’en Chine, a souligné Viju George du courtier Edelweiss Securities. Son confrère Hitesh Agrawal de la maison Angel Broking a même qualifié cet électrochoc de « Enron indien », en référence à la retentissante faillite en 2001 du courtier en énergie américain. En dépit d’un rebond lundi, l’action Satyam a été massacrée à la Bourse de Bombay : sa capitalisation a dégringolé de trois milliards de dollars en décembre à 330 millions vendredi. Tout commence, il y a un mois, lorsque M. Raju tente de faire approuver par son conseil d’administration l’achat pour 1,6 milliard de dollars des entreprises indiennes Maytas Properties et Maytas Infrastructure, provoquant la démission de quatre administrateurs. Dans son courrier de départ, l’ex-patron en disgrâce a expliqué que ce projet était « la dernière tentative en date pour remplacer des actifs imaginaires par des vrais » et que diriger Satyam était « comme chevaucher un tigre sans savoir comment en descendre sans être dévoré ». Mais puisque ses informaticiens sont parmi « les plus brillants au monde », le ministre des Entreprises Prem Chand Gupta a plaidé pour que la nouvelle direction « apporte la vision et la responsabilité nécessaires en ces temps de crise pour restaurer la crédibilité de l’entreprise ». L’Inde, dont « la réputation phénoménale en matière de gouvernance d’entreprise est de tout premier rang mondial (...), doit continuer d’être une destination sûre et fiable pour les nouvelles technologies », a renchéri l’un des nouveaux chefs de Satyam, Kiran Karnik, qui dirigea l’Association nationale des sociétés de logiciels et de services informatiques (NASSCOM). Il faut dire qu’avec ses 53 000 salariés et des clients dans 65 pays, Satyam est l’un des « quatre grands », avec Infosys, Wipro et Tata Consultancy Services, d’un secteur pesant 50 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. Pour « rétablir la confiance auprès des investisseurs » et pour restaurer l’image d’une industrie phare, souffrant déjà de la crise du premier marché, les États-Unis, le SEBI a promis des mesures « sévères » en visant notamment le cabinet d’audit et d’expertise comptable de Satyam, PriceWaterHouse Cooper, qui n’avait apparemment rien vu venir.
Le scandale de fraude comptable qui frappe le groupe informatique indien Satyam ébranle le modèle capitaliste de l’Inde, qui redoute que sa réputation auprès des investisseurs internationaux en soit durablement écornée.
Le géant asiatique est aux prises avec son « affaire Enron » depuis que le fondateur et président du quatrième groupe local de logiciels et de services...