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Actualités - CHRONOLOGIE

Le calvaire des sans-abri dans le rude hiver canadien

Les centres d’hébergement ont lancé un cri d’alarme pour augmenter les subventions publiques à leurs activités. Couché en position fœtale sous un amas de couvertures, un mince matelas le séparant du sol gelé, François se protège comme il peut du froid polaire qui mord la peau et transperce la chair pendant le rude hiver canadien. « C’est chaud, c’est comme dans un char (voiture) », dit sans conviction le jeune homme de 26 ans, qui tente de dormir sous des couvertures défraîchies dans un parc du centre-ville de Montréal. « À 22 ans, je me suis rendu compte que mes bras ne fonctionnaient plus pour mon emploi. J’avais juste le goût de crever. Après ça, je me suis tiré dans la rue avec 20 000 dollars dans mon compte de banque. Et c’est ça que ça a donné », lance, emmitouflé, cet ancien employé de supermarché. Le soleil se lève sur la métropole québécoise, le mercure avoisine -20 degrés. François a passé une partie de la nuit à marcher dans les rues pour garder son corps chaud. « Je dors le jour, je me promène la nuit », explique-t-il. « Je vivais à l’envers du monde. Je passais mes journées à la basilique pour me reposer et la nuit je marchais pour rester chaud », se souvient Daniel, un manteau de toile fermé par deux épingles à nourrice, le visage ceint d’un foulard laissant seulement voir ses yeux bleu et deviner des traits burinés. Cet homme dans la quarantaine a longtemps refusé de se rendre dans les refuges. « Tu deviens sauvage... et là (dans le centre d’hébergement) il y a des règles », dit-il. Le nombre de sans-abri varie entre 40 000 et 200 000 au Canada, selon les estimations. Des milliers de personnes couchent dans les parcs des grandes villes l’été et s’en remettent aux centres d’hébergement l’hiver. Mais pour diverses raisons – santé mentale, perception des autres, choix personnel – des centaines d’entre eux refusent de s’y rendre et dorment à l’extérieur l’hiver. Un homme a été retrouvé mort, gelé, la semaine dernière dans le centre-ville de Montréal, rappelant la dure réalité des sans-abri pendant les quatre à six mois d’un hiver qui semble parfois éternel. Les centres d’hébergement ont lancé un cri d’alarme pour augmenter les subventions publiques à leurs activités, financées en grande partie par les dons privés, explique Matthew Pearce, directeur de la mission Old Brewery, un refuge de 550 lits à Montréal. Dans l’ouest du Canada, Vancouver attire de nombreux sans-abri du centre du pays, qui viennent y profiter de son hiver plus clément grâce à la proximité du Pacifique. Mais l’hiver a frappé tôt et dur cette année. Une femme est morte brûlée vive à la mi-décembre en tentant d’allumer un feu dans un campement de fortune bricolé à partir d’un chariot de supermarché tourné à l’envers. « La structure des refuges ne correspond pas toujours aux besoins des gens dans la rue », explique à l’AFP Ric Matthews, révérend de la « First United Church » de Vancouver, en citant pour exemple cette femme qui ne voulait pas dormir dans un refuge parce qu’on lui interdisait d’y entrer avec son chariot. Cette église accueillait les sans-abri pendant la journée mais les renvoyait au coucher du soleil, faute de ressources. Mais le nouveau maire Gregor Robertson a fait des sans-abri sa « principale priorité » et débloqué des fonds pour ouvrir plus de places dans les refuges. « Maintenant, les sans-abri peuvent rester dormir la nuit », assure M. Matthews, qui note une augmentation du nombre de personnes sans domicile, notamment chez les Amérindiens et les couples. « À ce stade, je ne pense pas que ce soit la crise financière qui ait causé cette augmentation, mais l’écart qui s’agrandit sans cesse entre les riches et les pauvres », dit-il.
Les centres d’hébergement ont lancé un cri d’alarme pour
augmenter les subventions publiques à leurs activités.
Couché en position fœtale sous un amas de couvertures, un mince matelas le séparant du sol gelé, François se protège comme il peut du froid polaire qui mord la peau et transperce la chair pendant le rude hiver canadien. « C’est chaud, c’est comme dans...