Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Éclairage Le président américain prend avec humour l’épisode des « chaussures volantes » à Bagdad

Au moins 200 avocats proposent de défendre gratuitement le journaliste lanceur de chaussures, et la fille de Mouammar Kadhafi, Aïcha, veut le décorer de « l’ordre du courage ». Tout en qualifiant l’épisode d’un des plus « bizarres » de sa présidence, George W. Bush a commenté avec humour, entre Bagdad et Kaboul, le moment où il a dû esquiver coup sur coup deux chaussures lancées dans sa direction par un journaliste irakien. Insolite, alors que M. Bush est l’un des hommes les mieux protégés de l’histoire de l’humanité, l’épisode révèle l’hostilité persistante envers lui. « Je ne sais pas ce que le gars a dit, mais j’ai vu sa semelle », a plaisanté M. Bush. Les chaussures appartenaient à un journaliste d’une chaîne de télévision irakienne, Mountazer al-Zaïdi. « C’est le baiser de l’adieu, espèce de chien », a hurlé le journaliste en lançant ses souliers, avant d’être évacué de force par les services de sécurité irakiens et américains, en criant à l’adresse de M. Bush : « Vous êtes responsable de la mort de milliers d’Irakiens. » Dans la culture arabe, être qualifié de « chien » est une grave insulte, et les chaussures un instrument de mépris. « Cela ne m’ennuie pas. Si vous voulez des faits : c’était une chaussure de taille 10 (44 taille française) », a ironisé M. Bush, avant de minimiser les faits. « Je ne sais pas quelle cause il défendait... Je ne me suis pas du tout senti menacé », a-t-il assuré. Il a confié que l’incident lui avait rappelé l’interruption de la cérémonie d’accueil du président chinois Hu Jintao, devant la Maison-Blanche, par un manifestant du mouvement spirituel Falungong, réprimé en Chine. Lorsque, peu après son arrivée à Kaboul hier, M. Bush a participé à une conférence de presse aux côtés de son homologue Hamid Karzaï, les journalistes présents s’interrogeaient : verraient-ils une autre chaussure voler ? Cela ne fut pas le cas. Un journaliste afghan a bien tenté de motiver un de ses confrères de la télévision : « Pourquoi tu ne le fais pas maintenant ? Allez, fais-le. » Rien ne s’est passé. Et si les contrôles de sécurité étaient sévères pour pénétrer dans le palais présidentiel et assister à la conférence de presse, comme à l’accoutumée, les chaussures n’ont fait l’objet d’aucune attention particulière. Au même moment, en Irak, la chaîne de télévision al-Bagdadia a appelé les autorités irakiennes à libérer Mountazer al-Zaïdi, « au nom de la démocratie et de la liberté d’expression que le nouveau régime et les autorités américaines ont promises au peuple irakien ». Le journaliste, lui, déteste les Américains et leur président, et avait prévu son geste de longue date, selon ses collègues. Par cet acte, M. Zaïdi, âgé de 29 ans, est devenu une célébrité : le mouvement du leader radical chiite Moqtada Sadr en a déjà fait son héros. De son côté, le gouvernement irakien a condamné un « acte honteux » et demandé à al-Bagdadia des « excuses pour cet acte qui porte atteinte à la réputation des journalistes irakiens et du journalisme en général ».
Au moins 200 avocats proposent de défendre gratuitement le journaliste lanceur de chaussures, et la fille de Mouammar Kadhafi, Aïcha, veut le décorer de « l’ordre du courage ».
Tout en qualifiant l’épisode d’un des plus « bizarres » de sa présidence, George W. Bush a commenté avec humour, entre Bagdad et Kaboul, le moment où il a dû esquiver coup sur coup deux...