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Actualités - RENCONTRE

Rencontre « Jasad », nouveau magazine où le corps est sans voiles ni tabous

Edgar DAVIDIAN Une publication culturelle trimestrielle en langue arabe en devanture des librairies à partir d’aujourd’hui, lundi 15 décembre. D’une intrépide transparence… Un magazine dont le titre Jasad est à la fois caresse et morsure. Caresse pour la franchise du ton et morsure pour la cassure des tabous dans un monde arabe régi encore par la pudibonderie. Dans le laxisme du monde contemporain, voilà une revue qui emboîte le pas au courant mondialiste de l’exigence du plaisir, du culte du corps, du droit au bonheur et de la non-ignorance de l’impératif de la plus obscure et méconnue des cellules humaines… Un magazine luxueux dans la présentation, alliant science, connaissance et culture, pour parler du corps dans toutes ses composantes et relations avec la société et… soi ! Le premier numéro de Jasad (plus de 160 pages, 22x28 cm) illustre avec éclat et éloquence, en mots et photos, le parti pris de tout dévoiler, sans jamais tomber dans l’équivoque ou garder des pans d’ombre, le mystère et la réalité du corps. Sans provocation ni coquinerie, une cinquantaine d’artistes, arabes et étrangers (peintres, poètes, écrivains, journalistes, penseurs, philosophes), ont contribué à la création de ces pages mettant à nu ce que le corps, temple de l’âme, recèle… Rencontre avec sa directrice, Joumana Haddad, la femme poète, auteure des sulfureux et parnassiens poèmes Awdatt Lilith (Le retour de Lilith) et journaliste au Nahar. Les cheveux noirs dénoués comme Ophélie, le regard pétillant, traînant son ordinateur portable sur une mallette à roues, Joumana Haddad a bien voulu s’entretenir de ce Jasad, objet de tant de controverses, de dissensions, d’harmonie, d’adoration, d’ombre et de lumière. Ce Jasad vivant, qui respire, se transforme, vibre, évolue ou régresse… Un pur produit artistique… « C’est un projet qui me préoccupe depuis bientôt deux ans !», dit tout de go Joumana Haddad. « Tout d’abord Jasad n’est pas un magazine exclusivement féminin comme on aurait tendance peut-être à le croire, précise-t-elle. Au contraire, il s’agit-là du corps dans toute son amplitude sociale, culturelle, esthétique, motrice, statique, sexuelle, littéraire... Ce n’est pas un magazine politique, car il a pour ambition surtout de casser les tabous. Des tabous qui n’appartiennent pas à la culture arabe, une culture étouffée, oubliée. Ces cent soixante pages sont un pur produit artistique, de la première ligne jusqu’au “ lay out ” et à la mise en page. Plusieurs dossiers, rubriques, témoignages, réflexions et articles jettent la lumière sur des questions axées sur le corps, ses desiderata, ses exigences, ses urgences, ses attentes, ses multiples et diverses manifestations... Dans la foulée, un regard sur l’industrie de la pornographie avec Linda Lovelace, l’interprète du film Deep Throat de Gérard Damiano, la première dame des pellicules “hard ”... Ensuite, un article sur un sujet esthético-érotique, le fétichisme du pied…Un autre sur l’antiesthétisme avec pour thème le cannibalisme…Pour ce qui du social, on aborde dans ces pages l’homosexualité au Liban. Il faudrait dire que Jasad est aussi une maison d’édition voulant se doter d’une collection de livres dans le même esprit de cette publication. Par ailleurs, il y a aussi des entretiens que les lecteurs pourront compulser. Cette fois, nous avons tablé sur l’hédonisme avec Michel Onfray, auteur de Souci des plaisirs. De même que Catherine Millet livre ses confidences et son rapport au corps et à ses désirs… Du point de vue artistique, on a un essai sur le corps de la femme par Jonas et un aperçu sur la lingerie féminine en Syrie. Du côté de la littérature, Virginia Woolf est décortiquée dans son difficile rapport avec son propre corps… Des poèmes de Abdo Wazen, Paul Chaoul et Fadwa Kassem sont au rendez-vous des lecteurs. De même que des écrits inédits de Abbas Beydoun et de Tahar Ben Jelloun (L’homme avalé) seront découverts au fil des pages. Une rubrique questionnaire est régulièrement réservée aux artistes pour les révélations intimes les unissant à leur corps. Telle la découverte de la sexualité pour la première fois. Darina el-Jundi et Amine el-Bacha nous en donnent la primeur. Dans Jasad, le port de masque est interdit. Tout auteur signe clairement de son nom et non d’un pseudonyme. Je tiens à saluer le courage des cinquante artistes qui ont contribué à la création de cette première publication…La photo de la couverture de la revue a été réalisée par Nina Esber, la fille du poète Adonis, elle-même écrivaine et artiste. Pour tous ceux qui aiment en savoir un peu plus sur Jasad, je suggère notre adresse électronique www.jasadmag.com où, en langues arabe et anglaise, sont présentés des extraits de quelques articles. »
Edgar DAVIDIAN

Une publication culturelle trimestrielle en langue arabe en devanture des librairies à partir d’aujourd’hui, lundi 15 décembre. D’une intrépide transparence…
Un magazine dont le titre Jasad est à la fois caresse et morsure. Caresse pour la franchise du ton et morsure pour la cassure des tabous dans un monde arabe régi encore par la pudibonderie. Dans...