Exposition La photographie de Joumana Jamhouri dans tous ses états

Carla HENOUD La signature du livre « Le Liban et la mer » accompagnée de l’exposition « Liban, 5 ans d’images », au musée Planète de la découverte. Deux événements pour une passion, la photo…* Elle est arrivée à la photographie « un peu tard », mais pas trop pour bien faire ! Après un passage obligé en économie qu’elle a « copieusement haï ! », Joumana Arab Jamhouri s’est offert le loisir de passer par la New York Institute of Photography pour approfondir sa passion ancienne. « Je n’ai jamais pensé en faire un métier », avoue-t-elle, mais lorsqu’une amie lui confie un projet de photographies industrielles, « ça a été le coup de foudre ! ». Retour au Liban en 2003, « pour que mes enfants aient des racines », avec, dans les bagages de son exil de plus de 25 ans, une nostalgie légitime pour une enfance qui fût comme effacée par la guerre. Lieux, couleurs, une douce pincée de sel au cœur, et c’est toujours la mer qui revient dans ses souvenirs, accompagnée d’une tendresse infinie. « Je l’ai beaucoup photographiée durant mes vacances au Liban. C’était comme une gourde dans le désert, remplie d’émotions, qui m’aidait à assouvir ma soif du Liban. » Durant ces dernières années, Joumana enseigne la photo au Centre culturel du Collège Notre-Dame de Jamhour et multiplie les ballades qui la mènent toujours aux bons ports de Batroun, Tripoli, Saïda, mais aussi sur la Corniche. C’est ainsi qu’elle a capté ces différents instants, aujourd’hui réunis dans l’ouvrage Le Liban et la mer (éd. Aleph). « Je suis capable d’attendre des heures pour ma minute d’inspiration, avoue-t-elle. La couleur et la lumière sont pour moi des vecteurs essentiels. » La mer à toutes les heures et dans tous ses états, sereine et chaude en fin de journée, ensorcelante sous la pluie et le vent. Des photographies bercées par les textes nostalgiques de Georgia Makhlouf qui a « tout de suite senti la tendresse que je voulais partager ». « En chacun de nous, écrit l’auteur, un espoir de mer, l’image d’un ailleurs lointain, la promesse d’une aventure. » Cinq ans d’images Le musée Planète de la découverte a donc réuni deux événements dont le lien essentiel est Joumana Jamhouri. Des clichés de la mer, mais aussi des photos industrielles ont été choisis par Amal Traboulsi, commissaire de l’exposition, pour souligner les différents regards de l’artiste : « J’ai voulu mettre en avant ce travail où l’œil du photographe a rajouté quelque chose à de simples paysages ou architectures, dit-elle. Où les éléments industriels ont été détournés de leur fonction propre, de sorte que l’image dépasse la simple carte postale. Pour moi, qui ai intervenu après le projet du livre, l’objectif était tout simplement d’organiser l’exposition d’une photographe pas encore confirmée. » Une organisation qui s’est faite autour de thèmes, de couleurs, d’harmonies de formes et de sujets. Dans de grands formats qui réussissent à réchauffer les grands murs de cet impressionnant espace avec… vue sur la mer. * La signature de l’ouvrage « Le Liban et la mer » de Joumana Arab Jamhouri a eu lieu le jeudi 4 décembre. Son exposition « Liban, 5 ans d’images » se prolongera jusqu’au 20 décembre au musée Planète de la découverte, rue Omar el-Daouk.