L’indépendance, le subtil jeu des symboles

Ce qui m’a le plus marqué ce 22 novembre 2008, c’est cette rigoureuse organisation de l’armée, qui nous a offert une parade riche en symboles : discipline parfaite, maîtrise du terrain et reconquête du ciel. Un retour en force de la troupe visant à confirmer à nouveau son autorité sur la scène sécuritaire et militaire dans le pays. Trois réactions à cet événement, l’une internationale, l’autre régionale et la troisième locale, ont suscité la suspicion et la curiosité du commun des observateurs : – La première était l’arrêt brusque de la diffusion sur la chaîne Euronews, au cours de ses bulletins d’information, d’un reportage pointant le rôle grandissant de l’armée symbolisé par cette journée, comme étant le garant de la légitimité et de l’indépendance. C’était comme si la chaîne s’est brusquement ravisée (ou bien a été priée de le faire…) après cet élan de solidarité envers l’État libanais et son armée. – La deuxième était cette dépêche diffusée le jour même par le Jerusalem Post, faisant écho à la réaction d’Israël protestant contre la proposition des États-Unis de consolider l’arsenal de l’armée libanaise par des chars lourds T 70 ; cette dépêche ne pouvait laisser indifférent les Libanais, qui ne cessent de réaliser à quel point est vicieuse et puissante cette volonté régionale qui insiste à laisser le Liban orphelin de tout appui international. – La troisième était l’absence notoire et volontaire du Hezbollah de cette journée où l’armée était l’acteur principal. S’il est vrai qu’une délégation du parti a rendu visite le lendemain (le 23 n’est pas le 22 !) au président Sleiman, il n’en reste pas moins que l’on ne peut pas résumer toute la symbolique de cette journée commémorative de notre indépendance par une visite de courtoisie au président de la République. En politique on ne peut être jugé que sur ce que l’on fait et pas sur ce que l’on a l’intention de faire ; ce qui a été fait était trop suspect. Dr Georges GHANEM