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Environnement Au Cameroun, le trafic d’animaux protégés perdure malgré les efforts des autorités

Selon certaines études, le commerce de bêtes sauvages représente la troisième source la plus importante de revenus illicites dans le monde après la drogue et les armes. Le Cameroun, un des pays les plus répressifs à l’égard du commerce illégal d’animaux protégés, n’arrive pas à juguler le trafic, car les contrebandiers savent se montrer audacieux et manier les pots-de-vin. « Il y a chaque semaine une arrestation et une décision de justice prise contre un dealer », assure Ofir Drori, un Israélien, responsable de The Last Great Ape Organisation (LAGA). Cette organisation, fondée en 2002 en Israël, a établi son siège à Yaoundé pour tenter de lutter, aux côtés des autorités camerounaises, contre le commerce illicite d’animaux protégés. En 2007, elle a mené 294 enquêtes qui ont abouti à 48 arrestations de trafiquants. Les éléphants, les lions, les panthères, les perroquets, les chimpanzés et les gorilles sont les cibles favorites d’un commerce aux connexions internationales multiples. En décembre 2007, deux Camerounais et un Pakistanais ont tenté d’expédier un hippopotame vivant vers le Pakistan. Il y a quelques mois, le directeur grec d’une compagnie d’exploitation forestière a été arrêté en possession de deux chimpanzés et de plusieurs perroquets. Le trafic d’ivoire perdure lui aussi. « Beaucoup de gens pensent que ce trafic n’existe plus, mais c’est loin d’être le cas », déplore Ofir Drori. En 2006, une importante filière a ainsi été démantelée : pendant deux ans et demi, elle avait réussi à exporter tous les deux mois par bateau en Chine 600 défenses d’éléphants, abattus dans la sous-région et au-delà. Ces coups de filet sont toujours menés avec la police et le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof), dont l’implication n’était pas gagnée d’avance. « La majorité des trafics sont centralisés, contrôlés par une élite, c’est-à-dire une personne qu’on dit connectée à, par exemple, un membre du gouvernement qui donne son appui », constate M. Drori. Le Cameroun est considéré comme l’un des pays les plus corrompus du monde et ses autorités ne sont pas toujours enclines à lutter contre les activités illicites. Mais, en 2007, de hauts responsables du ministère ont été limogés après la découverte d’un vaste commerce illégal de perroquets gris. Plus de 1 000 de ces oiseaux protégés par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) avaient été saisis à l’aéroport de Douala (Sud, capitale économique) alors qu’ils étaient en partance pour Bahreïn. En août, la fille de l’ancien ministre et ancien directeur du port de Douala, Alphonse Siyam Siwé – incarcéré depuis 2006 pour détournements de fonds publics –, a été arrêtée et condamnée aux États-Unis à cinq ans de prison pour trafic d’ivoire. Elle avait bénéficié de complicités au port de Douala pour organiser son commerce. « Grâce aux opérations coup de poing que nous menons, le braconnage a ralenti, ceux qui sont impliqués se sentent menacés », a affirmé récemment à l’AFP le ministre des Forêts et de la Faune, Elvis Ngolle-Ngolle. Chez LAGA, on est moins optimiste : « Il n’y a pas de miracle », estime Ofir Drori. Face à la répression, les trafiquants prennent désormais plus de précautions et ont des méthodes plus « sophistiquées », constate-t-il. LAGA, qui travaille de plus en plus dans les autres pays d’Afrique centrale, est particulièrement inquiète pour les lions du Cameroun, chassés pour leur peau. « Ils sont menacés d’extinction », assure M. Drori. « Le commerce a changé de structure, il est peut-être plus difficile de créer des contacts entre commerçants, maintenant plus méfiants. Mais les acteurs de ces trafics s’adaptent », conclut-il.
Selon certaines études, le commerce de bêtes sauvages représente la troisième source la plus importante de revenus illicites dans le monde après la drogue et les armes.
Le Cameroun, un des pays les plus répressifs à l’égard du commerce illégal d’animaux protégés, n’arrive pas à juguler le trafic, car les contrebandiers savent se montrer audacieux et manier les...