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Actualités - CHRONOLOGIE

Concert Quand deux pianos livrent leurs confidences

Edgar DAVIDIAN Deux claviers sous la flaque de lumière. Deux pianistes, familiers au paysage musical libanais, Victor Bunin et Walid Moussallem, font chanter les touches d’ivoire. Reprise en douceur des concerts de mardi soir organisés par le Conservatoire national supérieur de musique à l’amphithéâtre Aboukhater. Pour la circonstance, concert à deux pianos pour une salle relativement bien remplie. Au menu, des pages de Mozart-Busoni, Schubert-Prokofiev, Medtner, Chabrier et Lutoslavsky. Menu donnant place à la virtuosité, à la précision, aux couleurs diversifiées, aux rythmes marqués, aux mélodies suaves et subtiles. Menu éclectique, attestant d’une belle culture musicale pour déployer une palette de richesse sonore. Ouverture avec le divin génie de Salzbourg revisité par Busoni. Un Duettino concertante dans la pure tradition des œuvres du compositeur de La flûte enchantée où charme, spontanéité et élégance séduisent l’auditeur. Après un démarrage plutôt mal synchronisé, harmonie des deux interprètes pour un opus d’une délicieuse légèreté… Plus claires-obscures, entre mesures étudiées et pas de danse bien peu salonnarde, ces Valses de Schubert revisitées par Prokofiev. Tempête de notes pour une narration empreinte d’un certain esprit romantique entre l’ivresse des corps qui bougent et un grain de mélancolie à travers un clavier littéralement transporté dans ses myriades de notes… Plénitude harmonique Avec Nikolaï Medtner, musicien issu d’une famille germano-balte mais qui reste une des figures les plus singulières et les plus attachantes de la musique russe, un certain romantisme plane sur cette Danse russe et sur ce Chevalier errant. Des pages oscillant entre modernité (le compositeur a vécu entre l’Allemagne, Paris et Londres après des études au Conservatoire de Moscou dans les années 1920) et une certaine influence non sans rappeler Schumann, Chopin et parfois un souffle impétueux où pointe l’intensité beethovenienne. Complexité du rythme, richesse des contrepoints, plénitude harmonique dominent ces narrations denses, volubiles, parfois tendues, au jeu ardu et périlleux. Avec Chabrier, illustre compositeur d’Espana, voilà trois Valses romantiques, pleines de vivacité, exubérantes, nimbées d’une certaine lumière, jetant des embranchements élégants. Pour conclure, Variations sur un thème de Paganini du Polonais Witold Lutoslawsky, lui qui a joué du piano dans les cafés au début de sa vie… Inspiration échevelée que celle de Paganini où celui qui admira Karol Szymanowski et Béla Bartok met une touche de stridence contemporaine, sans oublier parfois son engouement pour le « tonal »… Puissantes, intenses, enflammées sont ces « variations » qui restituent aux deux pianos toute leur magie d’extrême séduction. Applaudissements du public et révérence des deux interprètes. Une gerbe de fleurs offerte par une petite fille, un bis généreusement gratifié, et la capiteuse essence des notes de deux claviers qui n’ont pas fini de livrer leurs confidences traîne toujours dans la salle qui se vide dans un paisible brouhaha…
Edgar DAVIDIAN


Deux claviers sous la flaque de lumière. Deux pianistes, familiers au paysage musical libanais, Victor Bunin et Walid Moussallem,
font chanter les touches d’ivoire.
Reprise en douceur des concerts de mardi soir organisés par le Conservatoire national supérieur de musique à l’amphithéâtre Aboukhater. Pour la circonstance, concert à deux pianos pour une...