Musique Walid Gholmieh signe ce soir son œuvre symphonique sur CD

Edgar DAVIDIAN Un compositeur, un musicologue, un chef d’orchestre présente au public son nouveau CD où sont gravées cinq de ses six symphonies. Un événement majeur dans le cadre du paysage culturel arabe. Il a la musique dans le sang. Mais aujourd’hui, cette musique, source et élan de vie, est aussi sur partitions et sur CD. Dans un joli coffret enrobé d’une couverture cartonnée, illustrée d’un motif oriental, se déploient toutes les mélodies, cadences, mesures et arabesques sonores de l’inspiration de Walid Gholmieh dont l’œuvre symphonique est interprétée ici avec maestria par l’Orchestre symphonique national d’Ukraine placé sous la direction de Vladimir Sirenko. Cinq symphonies (al-Qadissiya, al-Moutannabi, al-Yarmouk, Le Martyr et Processions) font miroiter en fastueuses images sonores tous les éclats lyriques, dramatiques et émotionnels entre bravoure, héroïsme, doute, détermination et sens de l’élévation d’une somptueuse narration orchestrale tirée du cœur battant et de l’histoire mouvementée de l’Orient. Directeur du Conservatoire national supérieur de musique, dirigeant avec une égale aisance et talent l’Orchestre national libanais de musique arabo-orientale que l’Orchestre symphonique national dans ses activités aux prosodies occidentales, maestro Gholmieh livre aujourd’hui l’écoute de sa création musicale symphonique (car il est aussi un fin mélodiste pour films, spectacles de danse et festivals) à un large éventail de mélomanes, aussi bien dans le monde arabe (hélas aux déficiences culturelles actuelles multiples) que dans le monde occidental aux horizons plus éloignés… Avec la mondialisation et l’accès aux technologies modernes, les frontières s’estompent et l’univers n’est qu’un petit village… Rencontre avec un homme de culture, d’action et d’érudition pour parler de ce CD qui sera incessamment dans les bacs des cédèthèques. « Le “timing” du lancement de ce CD répond un peu au hasard, confie Walid Gholmieh en faisant fi des contrariétés qui entravent les chemins de tous les Libanais. Après avoir plus de quatre fois remis les dates de la séance de signature à cause des événements politiques et sécuritaires, qui ont à chaque fois tout bouleversé, voilà que ce mardi 4 novembre il est résolument décidé pour présenter le CD au public. Quoi qu’il advienne ! Avec l’espoir, quand même, que rien n’arrêtera les retrouvailles entre moi et ceux qui aiment la musique… Une musique née du mélange du patrimoine arabe et de son histoire. Une mixture où les arts syriaque, byzantin et musulman ont, par-delà tout écho ou phosphorescence levantine, une présence et de grandes résonances. Ce CD a été conçu avec l’aide de Talal Abou-Ghazaleh. Oui, la culture peut s’épanouir quand il y a quelqu’un pour la parrainer... Est-ce que Talal Abou Ghazaleh est un phénomène unique dans le monde arabe ? Où sont donc les fortunes de cette région du monde pour parrainer la culture arabe, la vraie ? Il est temps de faire comprendre aux connaisseurs et aux gens moins avertis que le monde culturel arabe n’est pas fait seulement de déplorables et faciles chansonnettes... Il est temps qu’on découvre en profondeur des personnalités comme Gibran, Neaimé, al-Rammal, Hassan Kamel el-Sabbah… Moi je mets aujourd’hui mon œuvre entre les mains des gens et que le monde entier juge. Et puis il y a le facteur temps qui dicte le succès, l’estimation et l’évolution d’une création… » Retour aux secrets de la musique. Pour ce fin mélodiste qu’est Walid Gholmieh (en témoignent ses « tubes » auprès de Sabah et Caracalla, pour ne citer qu’eux), la mélodie a-t-elle des normes ou est-elle fuyante dans ses critères de réussite ? Qu’est-ce qu’une mélodie qui « prend », qui a du succès pour ce maestro ? Et Gholmieh de répondre : « Une mélodie qui “prend” nécessite surtout un auditeur qui a de bons critères d’écoute et qui, à son tour, entraîne avec lui beaucoup d’autres… Chez nous, c’est tout à fait le contraire. L’auditeur n’a aucun critère et il impose, hélas, souvent son goût... » Sur cette pirouette soulevant controverses et une houle de questions, on tourne la page et on revient à ce coffret de symphonies que maestro Gholmieh signera aujourd’hui, mardi 4 novembre, à l’AUST (à Achrafieh), entre 18h00 et 20h00. Entre-temps, pour tous ceux qui aiment en savoir davantage sur cette création musicale, il est bon d’annoncer qu’une septième symphonie, intitulée Sayyed al-Ard (Le seigneur de la terre), est en gestation.