Sécurité La Syrie poursuit le renforcement de son dispositif à la frontière est du Liban

Alors que le passage des camions se dirigeant vers la Syrie a, une fois de plus, été sérieusement ralenti du côté syrien, du fait des fouilles minutieuses des véhicules et des contrôles particulièrement strictes, de nouveaux renforts d’unités régulières syriennes sont signalés depuis près de quarante-huit heures le long de la frontière est du Liban. Il y a quelques semaines, un déploiement important des forces spéciales syriennes avait été effectué le long de la frontière nord. Damas avait alors affirmé que ces renforts avaient pour but de « lutter contre la contrebande et l’infiltration d’éléments extrémistes » (fondamentalistes sunnites) en direction du territoire syrien. Les renforts syriens le long de la frontière est s’étendent des régions de Kaa, de Ersal et de Deir el-Achaër, jusqu’à la zone du jurd de Baalbeck. Selon des témoins oculaires, ces renforts ne sont pas visibles à l’œil nu à partir du territoire libanais. Des ressortissants syriens arrivés au Liban soulignent sur ce plan que les unités acheminées dans le secteur ont été déployées en profondeur en territoire syrien, ce qui explique qu’elles ne sont pas visibles à partir du Liban. Il reste que, toujours selon des témoins oculaires, les gardes-frontières syriens, munis d’armes légères, ont accentué leurs patrouilles tout le long de la frontière. À en croire certaines informations, rapportées de sources syriennes, le renforcement du dispositif déployé par Damas à l’Est pourrait se poursuivre dans les tout prochains jours. Dans ce cadre, notre correspondant diplomatique au palais Bustros, Khalil Fleyhane, rapporte que ce récent déploiement militaire syrien le long de la frontière est a coïncidé avec le débat au Conseil de sécurité de l’ONU du dernier rapport sur l’application de la résolution 1559, présenté par Terjé Roed-Larsen. De même source, on indique que quelques heures à peine après le débat sur la 1559, une douzaine d’avions militaires israéliens ont survolé l’espace aérien libanais (six au-dessus de Alma ech-Chaab et six au-dessus du littoral de Batroun), comme pour bien marquer qu’Israël ne tient pas compte des efforts déployés par l’ONU afin de mettre en application la résolution 1559. Rappelons dans ce cadre que le rapport de Terjé Roed-Larsen avait souligné que seule la clause de la 1559 relative au retrait syrien avait été mise en application, les clauses en rapport avec la dissolution des milices (celles du Hezbollah et des organisations palestiniennes) étant restées encore lettre morte. Un engagement syrien Pour en revenir au renforcement du dispositif militaire syrien le long de la frontière est, le député Moustapha Allouche, membre du bloc parlementaire du Courant du futur, a affirmé qu’un tel déploiement « s’inscrit dans le cadre des engagements pris par la Syrie à l’égard de la communauté internationale en vue de l’application de la résolution 1701 ». « De nombreuses analyses rapportent que l’opération américaine en Syrie, dans le secteur d’Abou Kamal, a été effectuée en coordination avec la partie syrienne, a déclaré Moustapha Allouche. Cette opération serait ainsi un prolongement des engagements syriens qui ont commencé avec l’assassinat de Imad Moghnieh et dont la dernière phase ne sera vraisemblablement pas l’attaque contre Abou Kamal ». Dans une interview au site des Forces libanaises, M. Allouche a, par ailleurs, souligné que « tous les indices portent à croire que l’ouverture de l’Occident en direction de la Syrie a été effectuée en contrepartie d’une rupture (de la Syrie) avec l’Iran ». « Le président Nicolas Sarkozy l’a déclaré ouvertement lorsqu’il a visité Damas, ce qui indique que le raid américain (contre Abou Kamal) est un message adressé à l’Iran et à toutes les organisations qui lui sont liées dans la région, de l’Irak au Liban. Ce que les Américains ont demandé au cours des dernières années n’était qu’une sorte de premier versement assuré par le régime syrien », a conclu M. Allouche.