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Actualités - OPINION

Un peu de respect, messieurs les agents de police

Toute la République vous félicite, monsieur le jeune et dynamique ministre de l’Intérieur, pour la réactivation des règles de conduite au Liban et l’exigence de leur contrôle strict par les agents de police, mais, en parallèle avec le civisme exigé du citoyen au niveau du respect du code de la route, il est tout à fait normal et légitime d’attendre de ces agents un minimum de civilité et de politesse. Ce n’est malheureusement pas le cas pour certains d’entre eux … Une expérience personnelle, à titre d’exemple : il y a deux semaines environ, un samedi à 13 heures, en rentrant du travail par le boulevard de Sin el-Fil-Jdeideh pour aller vers Jounieh, j’ai eu droit à une scène d’humiliation par un policier qui ferait bien de suivre un stage intensif de politesse, spécialement lorsqu’on doit s’adresser à une personne de la gent féminine. Sachant que sur ce boulevard, on a droit à trois carrefours successifs dotés de feux de signalisation très mal synchronisés et avec l’embouteillage quotidien sur cette ligne, on peut noter curieusement que les voitures ne bougent presque pas lorsque le feu est au vert, mais commencent à avancer lorsqu’il est au rouge ! En effet, la durée de l’arrêt obligatoire étant le double de celui de l’autorisation de rouler, on doit prévoir trois changements de feux avant de pouvoir atteindre le carrefour (à moins de 500 mètres). Bref, une fois parvenue enfin à ce carrefour que je traversais au feu vert, il est subitement passé à l’orange et, en toute logique, je ne pouvais plus m’arrêter soudain en plein milieu du carrefour, vu le flux de voitures qui m’entouraient. Aussitôt surgit un policier enflammé qui me crie de m’arrêter à droite de la route. Ce que j’exécute sans problème, en attendant poliment qu’il vienne me rejoindre, vitre baissée et climatisation arrêtée. Arrive un jeune agent de police très mal luné, la trentaine à peine, lunettes de soleil noires, qui commence par me crier à la face : « Tu n’as pas vu que le feu était rouge et tu as continué quand même ? » Je lui réponds qu’il était orange, non rouge, et que je ne pouvais plus faire marche arrière, au milieu du carrefour, de peur de provoquer un accident. – « Non ! Le feu était rouge ! Ne discute pas ! » – « Mais… » – « Alors, tu veux dire que c’est moi le menteur ? » – « Non, mais je vous assure qu’il n’est devenu orange qu’après le carrefour et… » – « En plus, je t’ai fait signe de la main de t’arrêter et tu n’as pas obéi ! » – « Mais je ne vous ai même pas vu ! » –« Aaah ! Alors, si tu ne me vois pas, tu brûles le feu ? » – « Mais non… » –« Suffit de discuter ! Tes papiers ! » Je les lui montre et il les étudie longuement puis les prend avec lui et me laisse, pantoise, alors qu’il va à son carrefour surveiller la circulation… Quelque cinq minutes plus tard, alors que je commence à rôtir dans ma voiture sous un soleil de plomb et le regard débonnaire de deux soldats de l’armée postés sur le trottoir d’à côté, le policier revient et me répète sur un ton cassant la même condamnation, ce qui lui vaut de ma part la même réponse innocente. Furieux, probablement parce qu’il s’attendait à ce que je change ma version en avouant que j’étais bien coupable, il repart à son poste avec mes papiers en me lançant qu’il va me préparer une contravention. J’en prends mon parti en me disant que même si j’ai à payer une amende injustifiée, au moins j’en aurai fini de griller dans cette étuve et j’arriverai, pas trop en retard, à ma destination. Peine perdue ! J’attends bêtement durant au moins dix bonnes minutes en l’observant planté à son carrefour, comme si je n’existais pas, alors que je risque, à tout instant, la collision avec les voitures dévalant en trombe le carrefour. Puis, excédée, je finis par supplier l’un des deux soldats d’intercéder auprès de l’agent pour qu’on en finisse avec cette mascarade. Compréhensif, il s’exécute gentiment puis retourne, seul, m’annoncer que le policier veut à tout prix me rédiger un PV, mais, n’ayant pas l’imprimé sur lui, il a contacté un autre agent pour qu’il lui en rapporte. Suivent donc dix autres minutes de « sauna » forcé. Puis arrive enfin, en trombe, un policier sur sa moto qui, muni de mes papiers, les examine à son tour en vérifiant le numéro d’immatriculation. Il me répète ensuite le soi-disant délit que je m’évertue, inutilement, à nier, tout en lui faisant remarquer, excédée et frustrée, que devant mes yeux, tout à l’heure, plusieurs voitures ont brûlé des feux rouges sans que ce même agent ne les arrête. Le motard m’interrompt aussitôt, choqué par mes paroles, puis, comme pris de pitié pour moi, finit par me proposer d’aller m’excuser auprès de l’agent pour éviter d’avoir à payer la contravention et pouvoir récupérer mes papiers. Je dois auparavant garer correctement ma voiture puis l’accompagner à pied jusqu’à l’agent irascible. N’ayant pas d’autre choix, je m’exécute pour en finir, et le motard annonce victorieusement à son collègue que je viens pour m’excuser et, vu que j’ai « l’air d’être de bonne famille », peut-être serait-il assez gentil pour me pardonner pour cette fois. J’enrage intérieurement et ouvre à peine la bouche pour me défendre que mon « protecteur » me fusille du regard avec de gros yeux réprobateurs pour m’arrêter net et me permettre de récupérer enfin mes papiers pour rentrer chez moi. Ainsi finit cette épreuve de force ubuesque qui a duré près d’une heure de temps et m’a fait bien penser à l’article que M. Alain Plisson avait rédigé sur ses déboires à cause d’un autre agent de la circulation. Avoir le sens civique, je veux bien, mais de grâce, qu’on applique la loi à tout le monde, objectivement, simplement, surtout sans abus de pouvoir et sans esprit de vengeance de la part des agents de police. Éliane KONISKI
Toute la République vous félicite, monsieur le jeune et dynamique ministre de l’Intérieur, pour la réactivation des règles de conduite au Liban et l’exigence de leur contrôle strict par les agents de police, mais, en parallèle avec le civisme exigé du citoyen au niveau du respect du code de la route, il est tout à fait normal et légitime d’attendre de ces agents un...