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Actualités - CHRONOLOGIE

Théâtre Cherche visa désespérément

Colette KHALAF Des jeunes Libanais de tous bords et tous milieux attendent devant les portes de l’ambassade. Seul objectif : le départ. « Longue était la nuit aux portes de l’ambassade » est un spectacle musical et vivant de Nidal al-Achkar, présenté au théâtre al-Madina jusqu’au 30 décembre. Pour le Liban, l’immigration a, depuis deux siècles, marqué l’histoire et la géographie de ce pays. Plus des deux tiers de la population libanaise se trouvent éparpillés à tous les coins du monde. Pour aborder ce thème cuisant et douloureux, l’actrice et metteur en scène Nidal al-Achkar a dû recourir au verbe du poète et écrivain Issa Makhlouf pour illustrer les douleurs et les déchirures d’un peuple. Tout en prenant appui sur cette réalité, la pièce de théâtre, en langue arabe et en chansons, avec sous-titrage français, évoque la capacité de l’homme à affronter son destin. C’est un huis clos teinté de modernité que propose al-Achkar, qui explique que « le découpage des scènes constituait l’essentiel du travail, car il sous-tendait l’enchaînement dramatique des événements ». À l’ouverture, le spectacle semble déjà osciller entre réel et imaginaire, puisqu’elle représente la longue file de candidats au visa comme un bétail allant à l’abattoir. Mais au fur et à mesure que les événements s’enchaînent et que les bruits des bombes et des mitraillettes (orchestrés sur du matériel improvisé) obligent quinze personnages à passer la nuit ensemble, la dérision l’emporte parfois sur le réel et l’absurde prend place. Sur fond dramatique, rythmé par les percussions, le bouzouk, la guitare ou le oud de quatre musiciens formant un coryphée moderne, les textes s’animent et se teintent de fantaisie. Rap et chansons du passé s’entrelacent illustrant le Liban d’aujourd’hui. Envoyez la musique Devant la porte de l’ambassade, l’enfermement ouvre la voie à l’imaginaire. À bord de moyens de transport fabuleux déambulant sur un grand écran, les spectateurs s’envolent jusqu’aux tréfonds de l’Afrique peuplée de baobabs pour immerger dans les quartiers de NewYork, la brousse de l’Australie ou le désert des pays arabes. Autant de destinations qui font rêver ces jeunes. Mais qui s’achèvent sur un quotidien amer. Et les comédiens-musiciens retombent dans cette triste réalité que sont les querelles intestines de leur pays. Après donc un long travelling, qui s’étire un peu et qui pèche par instants par la faible sonorisation (moyens financiers obligent), l’action rebondit dans la seconde partie du spectacle, plus énergique et plus créative. À travers des chorégraphies dynamiques et colorées, des brefs hommages sont rendus aux grands « musicals » du siècle, comme West Side Story ou All That Jazz. Lesquels sont suivis par des portraits d’immigrés, un exercice ludique auquel s’adonnent les comédiens avec plaisir. On dirait que ces quatorze acteurs réunis sur scène (« des débutants, sauf Nada Abou Farhat, mais qui ont beaucoup de potentiel », dira Nidal al-Achkar) avaient commencé par tâter le terrain, baliser les planches pour mieux s’adapter au public. Longue était la nuit aux portes de l’ambassade est comme une pâte qu’on pétrit. Les boulangers l’ont faite avec beaucoup d’amour, y mettant tous les ingrédients nécessaires. Il faudra attendre seulement que le levain la gonfle. Les comédiens qui ont déjà relevé le défi auront certainement le temps de réagir et de « grandir » avec leur audience. Alors le levain aura fait son effet. Le spectacle sera présenté à 20h00, sans relâche, au théâtre al-Madina jusqu’au 30 décembre. Fiche artistique Design éclairage : Judith Greenwood. Musique : Khaled Abdallah. Assistant au metteur en scène : Raghda Mouawad. Costumes : Mohammad Khadra, assisté de Marwan Aoun. Chorégraphie : Nadim Bahsoun. Graphisme et animation : Omar Khoury et Fadi Baki. Consultants artistiques : Mona Knio et Nagy Souraty. Photographe : Houssam Mcheimech. Acteurs Assile Ayach, Édward Abbas (rap), Bassam Abou Diab, Rafic Féghali, Rawia Alchab, Suleiman Zeidan, Ali Alhout, Abed Koubaisy, Ali Younès, Mohammad Najmi, Mohammad Assaf, Nisrine Hmeidan, Nasreddine Elcharbaji Elmazik (rap) et Nada Abou Farhat.
Colette KHALAF

Des jeunes Libanais de tous bords et tous milieux attendent devant les
portes de l’ambassade. Seul objectif : le départ. « Longue était la nuit aux portes
de l’ambassade » est un spectacle musical et vivant de Nidal al-Achkar, présenté
au théâtre al-Madina jusqu’au 30 décembre.
Pour le Liban, l’immigration a, depuis deux siècles, marqué...