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Savoir enterrer la hache de guerre Nada Khoury

Ces quelques lignes en réponse à Mme Hanane Abboud (Opinion/L’Orient-Le Jour du 24/9/2008), et par la même occasion, à M. Fady Noun («Un mea culpa insuffisant», article paru dans le même numéro) : Ce mea culpa a décidément fait beaucoup de bruit et couler beaucoup d’encre. Cette initiative a malheureusement provoqué chez certains une résurgence de griefs enfouis alors que, précisément, le but de M. Geagea (but du moins avoué) était d’enterrer ce passé honni. Oui, Mme Abboud, c’est un beau geste qui demande du courage, beaucoup de courage. Les notions de repentir et de pardon sont sans cesse prônées par la religion chrétienne. Et au Liban, rares sont ses adeptes (éminents politiciens, figures emblématiques, généralissimes, chefs de gangs ou simples miliciens) qui ont la volonté et le pouvoir de les mettre en application… la tendance étant plutôt à l’autoglorification et à la mégalomanie. La mémoire collective des Arméniens garde une trace indélébile du génocide qu’a subi son peuple et transmet son souvenir de génération en génération. Et pourtant, ils ne réclament qu’une simple reconnaissance de ces massacres de la part des Turcs ; reconnaissance qui, si elle n’annihilerait pas leurs souffrances, en allégerait le poids. En attendant cet hypothétique geste, l’Arménie a quand même tendu la main aux Turcs en les invitant à disputer un match de football. Rendre publiques ses excuses, face à Dieu et aux milliers de personnes qui l’écoutaient ce jour-là, n’enlève pas à M. Geagea son mérite, même si elles ont été doublées d’un discours politique « musclé ». Que voulez-vous, dans ma naïveté, j’ai bien voulu les accepter laissant à Dieu, le jour du Jugement dernier, le soin de trancher entre sincérité et « fourberie » à but électoral. L’objectif étant d’exorciser les pages noires qui ont écrit nos trois dernières décennies, nous nous serions bien passés des exemples (avec force détails) de M. Noun. À cet égard, cher Monsieur, et puisque vous semblez vouloir déterrer des souvenirs pénibles que notre mémoire tente tant bien que mal d’occulter, vous auriez dû ratisser large en citant également les horreurs commises par ces mêmes Palestiniens (et d’autres encore, car tous les protagonistes de ces années maudites sont logés à la même enseigne) qui kidnappaient, torturaient et assassinaient à tour de bras. Je ne détaillerai pas ici ces atrocités pour éviter de tomber dans une surenchère aujourd’hui somme toute parfaitement inutile. Ce n’est pas l’histoire qui me contredira chère Mme Abboud lorsque je constate que souvent les circonstances font que l’« on » se retrouve alliés avec nos ex-ennemis. Citerai-je entre autres l’adversité notoire des Français et des Anglais laquelle a été totalement écartée lorsque la survie de leurs patries a été menacée par les Allemands ? À qui s’adressait-il ? Oui, M. Samir Geagea demandait bien pardon à tous ceux qu’il a agressés, attaqués, volés, dépouillés, trompés, massacrés et à leurs héritiers et descendants… ainsi qu’aux autres, ses anciens et nouveaux « copains ». Effectivement, ce n’est pas à Mme Nayla Moawad de pardonner l’attaque de Zghorta contre M. Tony Frangié, quoiqu’elle ait beaucoup à pardonner aussi par ailleurs, elle dont le mari – président de la République de surcroît – a été lâchement assassiné et dont les meurtriers courent toujours. Sans vouloir minimiser l’horreur du drame dont sa famille a été victime, c’est à M. Sleimane Frangié, issu d’une contrée où fusillades dans des lieux de culte et vendettas sont monnaie courante, de pardonner ou pas. Mais c’était les années noires de la guerre… Et cette guerre, on veut croire qu’elle est bien finie malgré quelques soubresauts sporadiques et douloureux. Ce mea culpa de M. Geagea, pour beaucoup de personnes, citoyens lambda, supporteurs ou pas des FL, est plus que bienvenu. Quant aux martyrs, il s’agit là d’une notion assez subjective. Laissons donc tout un chacun pleurer ses morts et ne nous égarons pas dans des considérations sur la légitimité de leur appartenance à la Résistance, quelle qu’elle soit, divinisée ou pas, pourvu qu’elle soit libanaise… Alors, chers compatriotes, à défaut d’absoudre M. Samir Geagea, accordez-lui au moins un semblant de crédit car, n’est-ce pas, une faute avouée est à moitié pardonnée. PS – « Tonton Raymond » s’est peut-être mordu les doigts à la suite de ses alliances tactiques en 1968. Néanmoins, ce dont je suis sûre, c’est qu’il doit être très fier de toutes les positions adoptées par son neveu. Article paru le samedi 27 septembre 2008
Ces quelques lignes en réponse à Mme Hanane Abboud (Opinion/L’Orient-Le Jour du 24/9/2008), et par la même occasion, à M. Fady Noun («Un mea culpa insuffisant», article paru dans le même numéro) :
Ce mea culpa a décidément fait beaucoup de bruit et couler beaucoup d’encre.
Cette initiative a malheureusement provoqué chez certains une résurgence de griefs enfouis...